Bureaux de l’égalité: où sont les hommes?

COCASSE• Alors qu’ils sont censés promouvoir l’égalité entre les sexes, les bureaux de l’égalité ignorent l’un des principaux leviers en la matière: la parité. Avec moins de 25% d’hommes en moyenne dans leurs équipes, ces organes font partie des moins bons élèves. Explications.

  • Le bureau de l’égalité de l’EPFL ne compte aucun homme. DR

Les bureaux de l’égalité se dispensent-ils d’appliquer à eux-mêmes les conseils qu’ils donnent aux autres? Plus simplement dit, pratiquent-ils la politique du «faites ce que je dis, pas ce que je fais»? Si l’on s’attarde sur la proportion d’hommes et de femmes au sein de leurs équipes, tout porte à le croire. Prenons un premier exemple, le bureau de l’égalité du Canton de Vaud (BEFH). Composé de dix personnes, il compte 24% d’équivalents temps plein occupés par deux hommes et 76% par des femmes.

Sa cheffe, Maribel Rodriguez, n’y voit pourtant rien à redire: «Lors de nos procédures de recrutement, les femmes sont toujours surreprésentées dans les dossiers de candidatures reçus. A titre d’exemple lors des deux derniers recrutements, les candidatures masculines représentaient moins de 18% des dossiers reçus. Le BEFH serait heureux de recevoir à l’avenir un plus grand nombre de candidatures masculines, nous les encourageons à postuler.»

Même son de cloche de la part d’Isabelle Moret, conseillère d’état vaudoise et signataire, en septembre dernier, d’une charte en faveur de l’égalité entre les hommes et les femmes: «L'égalité ne nécessite pas nécessairement une parité absolue. A ce titre, le Bureau de l'égalité entre les femmes et les hommes (BEFH) accorde une grande importance à garantir une égalité de traitement complète également en interne. Par exemple, ses postes vacants sont annoncés en utilisant des formulations égalitaires et en respectant les procédures de non-discrimination établies dans les processus de sélection de l'administration cantonale vaudoise.»

Les compétences priment

Autre exemple, même constat au sein du Bureau de l’égalité de l’Université de Lausanne qui affiche sur son site internet deux objectifs qui lui tiennent particulièrement à cœur: «encourager une représentation équitable des deux sexes à tous les niveaux hiérarchiques» et favoriser «un recrutement égalitaire, grâce au suivi des nominations professorales et à la sensibilisation aux stéréotypes de genre.»

Une manière de placer les questions de parité au cœur même de ses missions. Il doit donc faire preuve d’exemplarité en la matière? Loin de là, puisque les femmes occupent 79% des 3,8 équivalents temps plein. Seema Ney, adjointe de la cheffe, a une explication particulièrement cocasse, généralement utilisée par les milieux conservateurs: «Tout comme pour les situations où les femmes sont sous-représentées à l’Université de Lausanne, il n’est pas possible d’engager des personnes sur la base de quotas. Nous cherchons ainsi à recruter la meilleure candidature pour le poste, quel que soit le sexe de la personne.»

Lausanne ne fait guère mieux

Autre bureau de l’égalité contacté, celui de la capitale vaudoise. Là aussi, le déséquilibre entre les deux sexes est flagrant puisqu’il est composé de quatre femmes (80%) et d’un seul homme (20%). Pourtant, sur son site, il déplore un tel écart lorsqu’il concerne la gent féminine:_«En 1989, les femmes constituaient 28% du personnel de la Ville. En 2022, on compte 48% de femmes et 52% d’hommes dans l’administration lausannoise.» Joëlle Moret, la déléguée à l’égalité et à la diversité de la Ville, tient cependant à rassurer: «Lors de chaque recrutement, la même attention est accordée à chaque candidature, qui sont toutes évaluées selon les mêmes critères. Au-delà du recrutement, la Ville de Lausanne s’assure que les femmes et les hommes soient traités de manière égalitaire dans tous les domaines: temps partiels, accès à la formation continue, conciliation des vies privée et professionnelle, rémunération, etc.»

Dernier exemple, et pas des moindres, l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne compte six femmes et aucun homme au sein de son bureau de l’égalité. La preuve qu’en matière de parité, ces organes ont encore un long chemin à parcourir avant de pouvoir montrer la voie à suivre…