«En matière d’asile, Isabelle Moret 
ne fait pas correctement le job»

ASILE • Alors que les projets de centres pour réfugiés se multiplient dans le Canton, le président de l’UDC Vaud, Kevin Grangier, tire à boulets rouges sur le Conseil d’Etat vaudois. Et en particulier sur Isabelle Moret, la ministre PLR en charge de l’asile. Il estime qu’elle fait preuve de laxisme en se soumettant aux directives édictées par le Conseil fédéral.  

«On va dans le même mur que nos voisins français, mais moins rapidement»

Lausanne Cités: Depuis plusieurs semaines, l’UDC Vaud multiplie les coups de sang pour dénoncer la politique d’asile dans le Canton, qu’est-ce qui vous chiffonne tant?
Kevin Grangier: Nous vivons une situation qui est totalement hors de contrôle, démesurée, excessive et dont on ne voit pas le bout. Le plus inquiétant, c’est que personne ne veut agir. Au niveau fédéral, on dit que c’est une politique européenne d’accueil qui s’applique, au Canton que ce sont des décisions fédérales. Au final, on repasse la patate chaude aux petites communes vaudoises sans véritablement régler les problèmes.

On vous sent en colère…
Oui car la Suisse se rend complice d’un système inique d’immigration illégale, de passeurs et de grande criminalité. Il faut être honnête et dire que les perspectives d’intégration des requérants d’asile qui arrivent sont totalement nulles donc on les condamne à transiter d’une aide sociale à l’autre sans possibilité de s’intégrer. Je ne vois aucune humanité là-dedans. Cette politique permet juste de donner bonne conscience à la gauche. Or, parallèlement, les Vaudois n’ont jamais été autant pris à la gorge qu’en ce moment, il suffit de penser à l’inflation des denrées alimentaires, au prix de l’essence ou à la hausse des primes maladie.

Vous affirmez que la vague de migrants sera massive cet automne, vous avez des chiffres?
Nous nous basons sur l’expérience des deux dernières décennies et les faits semblent nous donner raison. 
A Lampedusa, il y a en ce moment davantage de réfugiés politiques que d’habitants sur l’île et les dirigeants européens semblent paniquer face à l’ampleur du phénomène.

Un centre pour héberger les requérants verra le jour à Bière, un autre prendra place dans un hôtel inoccupé à Rolle, sans oublier Bex, Vallorbe ou Moudon, ces choix vous dérangent-il?
Là n’est pas le propos, car parler des emplacements revient à rester complice d’un système d’asile inhumain. Ce qui me dérange c’est que le Conseil d’Etat vaudois, en particulier Isabelle Moret, suit les recommandations d’Elisabeth Baume-Schneider sans sourciller.  

Donc Isabelle Moret ne fait pas le job?
Elle ne le fait pas dans le bon sens. Au lieu de taper du poing sur la table du Conseil fédéral comme le font d’autres cantons suisses, elle se soumet aux ordres du Conseil fédéral. J’ai envie de lui rappeler qu’elle est une magistrate élue par le peuple vaudois pour défendre nos intérêts et non l’exécutante des basses tâches du Conseil fédéral.

Si vous étiez à sa place, que feriez-vous différemment?
J’irais rencontrer la conseillère fédérale Elisabeth Baume-Schneider et je lui dirais que les Vaudois ne veulent plus être les complices de cette politique-là. Au lieu d’accueillir en masse des réfugiés qui n’ont aucune perspective d’intégration, l’UDC soutient l’idée de coordonner la création de camps dans les régions proches des pays d’origine des réfugiés. Faire miroiter des promesses d’avenir en Suisse à des milliers de personnes qui prennent des risques insensés pour venir et une aberration humaine, sociale, sécuritaire, écologique et économique. La proposition de l’UDC est bien plus pertinente pour les personnes en quête de protection.

On sent que l’alliance vaudoise a du plomb dans l’aile…
J’aurais exactement le même propos si Isabelle Moret était une ministre UDC. L’alliance vaudoise n’est pas un lieu aseptisé où plus personne n’ose s’exprimer, c’est une réalité électorale avec un apparentement PLR-UDC aux élections fédérales et une volonté commune d’avancer.

Vous fustigez aussi le coût des réfugiés ukrainiens, 163,40 francs par Vaudois, vous ne les auriez pas accueillis?
Du point de vue de l’asile, il n’y a pas de différence à faire entre des ressortissants ukrainiens et ceux d’autres pays. Je rappelle juste, par exemple, que les réfugiés ukrainiens ne paient pas leur prime d’assurance-maladie alors qu’on parle de 80'000 bénéficiaires potentiels de soins et que les primes maladie prennent encore l’ascenseur pour les Suisses. Pour combien de temps? Est-ce justifié? Il y a des questions légitimes qui doivent être posées.  

L’UDC fait régulièrement le lien entre insécurité et immigration. Pourtant, le Canton de Vaud ne fait toujours pas face à une hausse de la criminalité. C’est le miracle de l’intégration helvétique?
Cessons d’être naïfs: on va dans le même mur que nos voisins, français ou allemands par exemple, mais moins vite. Peut-on s’en réjouir? Evidemment non. Par exemple, sur le site de l’UDC Suisse, nous avons lancé une rubrique baptisée «Nouvelle normalité» qui recense tous les faits divers graves, comme les viols, les abus sociaux ou les agressions, commis par des immigrés et qui se sont passés en Suisse. Et je peux vous dire qu’après seulement trois mois, elle est déjà bien fournie. On aide des gens à échapper à la guerre dans leur pays, mais en faisant cela, on importe aussi des conflits chez nous. L’impact sur la sécurité intérieure de notre pays est de plus en plus frappant.

Au mois d’août dernier, la police a arrêté quatre Syriens en Suisse romande, on leur reproche notamment de soutenir des groupes terroristes. La menace djihadiste est-elle toujours une réalité dans notre pays?
J’en suis convaincu. La Suisse a connu ses premiers cas avec l’attaque au couteau de Lugano et à celle perpétrée dans un kebab à Morges, donc cela démontre que nous ne sommes pas à l’abri. Plusieurs tristes exemples ailleurs en Europe, comme les attaques en France, nous rappellent que c’est en empruntant les routes de l’asile que les terroristes arrivent en Europe. C’est d’ailleurs dans des centres d’accueil que la police a interpellé les quatre Syriens que vous évoquez.