Coup de gueule - Nos amis Danois

  • Didier Burkhalter

    Didier Burkhalter

La Suisse est un pays délicieux. Le président se rend en Ukraine, on l’accueille avec les honneurs, à un détail près: on lui flanque, pour la photo officielle, le drapeau danois à la place du suisse. Oh, les couleurs sont les mêmes. Et, lorsque la bannière est repliée, à l’abri des vents glacés venus de Sibérie, un observateur distrait peut s’y méprendre. Et puis, franchement, les Ukrainiens, ces temps, ont d’autres soucis que l’exactitude dans l’ordre de l’héraldique.

Didier Burkhalter s’en est-il rendu compte? A-t-il fait semblant de ne rien voir? Qu’aurions-nous fait, à sa place? Déclenché un incident diplomatique? Repris l’avion sur le champ? Demandé la tête du chef du protocole? Délicate situation. D’autant que personne ne sait exactement ce que le président de la Confédération est allé faire à Kiev.

Cette fameuse OSCE, que la Suisse préside pour un an, et qui a montré dans les Balkans (je l’ai vue à l’œuvre, sur place) sa redoutable efficacité dans l’ordre de l’inaction, qui ose croire, sans s’étouffer d’un gigantesque éclat de rire, qu’elle puisse jouer le moindre rôle dans le déchirement de ce pays entre ses marches orientales russophiles et son appel de l’occident vers l’Europe?

Dans ces conditions, le meilleur moyen de sceller l’inefficace et l’inutile n’était-il pas, au fond, de les faire endosser par nos amis danois? Monsieur le chef du protocole ukrainien, vous êtes finalement un homme averti et délicat.