Une jolie mariée pour l’équipe de Suisse

FOOTBALL • L’Euro 2016, qui était déjà dans toutes les têtes, a dévoilé son visage. Le coquin de sort a réservé une entame haute en couleurs aux joueurs de Vladimir Petkovic, qui se frotteront aux frangins albanais.

Il y a plusieurs mois qu’une petite voix nous souffle des mots doux à l’oreille qui salive: «Piaffe, piaffe mon loulou, l’Euro 2016 approche.» On peut enfin mettre un visage dessus. La mariée a en effet dévoilé ses contours, samedi en début de soirée au Palais des Congrès à Paris et, nonobstant la présence en scène du compositeur de l’hymne officiel David Guetta, le raout s’est déroulé sans fausse note. Le coquin de sort a été tiré. Les vingt-quatre nations participantes connaissent leurs trois adversaires de la phase préliminaire. Bref, on y voit déjà beaucoup plus clair - et en même temps ça reste la bouteille à encre, le phénomène est assez magique.

Sel et piment

Un visage, des contours et tout plein d’histoires à se raconter déjà, des films à monter en boucle ou en épingle avant même le début du tournage (l’Euro débarquera sur vos écrans cellulaires et géants dès le 10 juin). Rayon sel et piment, en tout cas, l’équipe de Suisse a été servie. Il y aura dans l’ordre: le derby face aux frangins albanais (11 juin), un défi contre le hérisson roumain (le 15) et des retrouvailles transfrontalières avec l’organisateur français (le 19). Mode d’emploi du bonheur: pour passer en huitièmes de finale, objectif minimal avoué, il faudra figurer dans les deux premiers du groupe, ou alors finir parmi les quatre meilleurs troisièmes des six poules.

Bon tirage, mauvais tirage? La réponse possède cette immuable tendance à tomber une fois que les matches sont joués. «Comme tous mes collègues, je reste prudent et mesuré», a souri Didier Deschamps, pilote des Bleus, avant de glisser que «cela aurait pu être pire». «Si on décrypte les mots du sélectionneur, on peut penser que la France a eu un tirage plutôt bon», s’est avancé Thierry Braillard, secrétaire d’Etat chargé des Sports, dont la jugeote acérée mériterait peut-être d’être utilisée dans des fonctions encore supérieures.

Supérieures, comme les émotions qui prévaudront à l’entrée en piste de la Suisse. Ce sera devant l’Albanie à Lens, pays du chicon-bière, de la brique rouge et du charbon. L’affiche, que tout le monde évoquait sans oser l’espérer, sent pour tout dire autant le miel que la poudre. Côté helvétique, on trouve plusieurs piliers albanophones; et côté albanais, une dizaine de joueurs ont été formés en Suisse. Pour incarner tout ça, il y aura le duel des frères Xhaka, Granit le cadet ayant choisi la croix blanche et Taulant l’aîné qui a opté pour l’aigle noir.

Après ça, il s’agira de retrousser les manches et de se cracher dans les pognes pour affronter la Roumanie, équipe la moins perméable du continent sur le papier (2 petits buts encaissés en 10 matches de qualification, 0 défaite). Vous voulez un bon présage avant le rendez-vous du Parc des Princes? Le sélectionneur adverse n’est autre que Anghel Iordanescu, l’homme qui dirigeait l’équipe à la Coupe du monde 1994, que la Suisse avait brillamment battue lors du deuxième match.

Revanche des Bleus...

Et puis sonnera l’heure de la revanche face aux Bleus. La dernière fois que la Suisse a affronté la France, c’était le torse bombé, lors du dernier Mondial brésilien - résultat: 0-5 après 73 minutes. «Ce sera l’occasion de montrer que nous avons grandi», a espéré le sélectionneur helvétique Vladimir Petkovic. Bon ou mauvais tirage? On verra. Mais une chose est certaine: avec un obstacle hautement émotionnel à franchir, un bunker à forcer et une sensation à fomenter en attendant mieux, la mariée n’est pas vilaine. Et elle n’a pas fini de nous faire rêver, avec toutes les histoires qu’elle a à raconter.