Abolition des forfaits fiscaux: bon ou mauvais pour le canton? - «Non, les riches ne partiront pas!»

  • JEAN-CHRISTOPHE SCHWAAB • Conseiller national socialiste / VD

    JEAN-CHRISTOPHE SCHWAAB • Conseiller national socialiste / VD

Pourquoi êtes-vous favorable à l’abolition des forfaits fiscaux?

Tout simplement pour une raison d’équité. Tous les contribuables suisses payent leurs impôts en fonction de leur capacité financière. Or les riches étrangers sont taxés en vertu d’un système opaque qui leur fait payer un montant ridicule sans rapport avec la totalité de leur fortune.

Mais c’est au nom de l’équité que Monsieur Broulis argumente en faveur du maintien de ces forfaits!

Monsieur Broulis a une compréhension bizarre de l’équité. L’équité veut qu’à situation égale, on soit traité de la même manière par l’Etat. Or les riches, s’ils sont suisses, payent beaucoup plus que s’ils sont étrangers.

Ne craignez-vous pas de voir partir les quelque 1400 contribuables étrangers qui en bénéficient dans le canton de Vaud?

Si on explique aux contribuables que chacun doit contribuer au bien commun de manière équitable, je suis convaincu que les gens ne partiront pas. Car ces personnes ne sont pas chez nous uniquement pour des raisons fiscales, loin de là. Elles sont là pour l’environnement, la sécurité, la qualité des infrastructures de formation et de santé, justement payés par l’impôt! Certains partiront, sans aucun doute, mais ils seraient partis de toutes manières dès qu’ils auraient trouvé un meilleur forfait ailleurs!

Si le régime des forfaits venait à être aboli, comment selon vous, les finances publiques pourraient-elles compenser le manque à gagner qui risque de survenir?

Dès lors qu’un grand nombre de riches contribuables resteront sur notre sol, ils commenceront à payer des impôts comme tout le monde, ce qui compensera le manque à gagner.

Certains affirment que si l’abolition des forfaits fiscaux à Zurich n’y a pas fait partir les riches, c‘est en raison du faible taux d’impôt sur la fortune en vigueur dans ce canton...Ce qui est loin d’être le cas dans le canton de Vaud...

Si cet argument était valable, tous les riches Suisses établis dans le canton de Vaud auraient déménagé à Zurich, ou même à Jersey ou Monaco. S’ils ne l’ont pas fait, c’est bien que Vaud reste attrayant, malgré un taux d’imposition sur la fortune un peu plus élevé!

A l’heure où la situation économique en Europe est fragile, et où un ralentissement de l’économie suisse est vraisemblable, cette votation n’arrive-t-elle pas à un mauvais moment en induisant une instabilité supplémenaire pour les finances publiques ?

Non, le moment est tout à fait approprié. Ce qui fait la force de la Suisse, ce n’est pas sa politique fiscale, mais bien les qualités énumérées plus haut. Chez nous, le bien commun fonctionne car chacun y contribue à hauteur de ses moyens. Poser la question des forfaits fiscaux, c’est donc en réalité agir pour la cohésion de la Suisse dont la devise traditionnelle est, je le rappelle, «Tous pour un, un pour tous».