Attention: les voleurs sont là!

- La police cantonale vaudoise et ses homologues romandes lancent leur première campagne annuelle de prévention contre le vol à l’astuce.
- Grâce au slogan «le premier vous distrait, le second vous détrousse», elles espèrent rendre la population attentive.
- Reportage en patrouille à la gare de Lausanne avec le personnel de la gendarmerie.

  • Un moment d'inattention ou de distraction et le tour est joué. VERISSIMO

    Un moment d'inattention ou de distraction et le tour est joué. VERISSIMO

«Les touristes sont la cible privilégiée, car ils voient la Suisse comme un îlot de sûreté.» Pierre-Olivier Gaudard, chef de la division de la prévention de la criminalité.

A la gare de Lausanne, le poste de Gendarmerie installé au bout de la voie 1 passe relativement inaperçu. Mais derrière ses portes opaques se trouve l’antre de la Police cantonale qui déploye la majorité de son activité aux secteurs ferroviaires. Pour leur première campagne de prévention de l’année, les polices cantonales romandes, de Berne et du Tessin sensibilisent les citoyens aux vols dont ils peuvent être victimes dans la rue. En plus des affichettes qui seront visibles un peu partout, particulièrement dans les gares où les vols à l’astuce sont nombreux, la Gendarmerie surveille le périmètre… en civil, discrétion oblige.

Un exercice délicat

Il est 16h30. Trois gendarmes débutent leur patrouille. « Nous ne nous déplaçons pas ensemble, mais nous communiquons par téléphone ou sms. Cela nous permet de surveiller plus d’endroits à la fois.» Installés ici à côté d’une caissette à journaux, là sur un banc ou à proximité des commerces, les gendarmes scrutent les environs, l’air de rien. Si le fait de se fondre dans la masse doit en principe leur faciliter la tâche, l’exercice n’est en réalité pas si simple. Car la prise en flagrant délit n’est pas monnaie courante. «Nous observons beaucoup le comportement des gens, par exemple si une personne traîne à proximité du train sans aller nulle part, si elle entre et sort ou qu’elle redescend juste avant le départ.»

Puisque l’arc lémanique est particulièrement touché par les vols à la tire (pickpockets) ou les vols à l’astuce, la police patrouille également dans les trains.

Dans le passage sous voies, Adrien* vient en aide à un homme à terre. Diabétique, celui-ci a fait un malaise et se remet gentiment, le nez ensanglanté par le choc de sa chute sur le sol. « Cela fait aussi partie du métier. Si je vois quelqu’un en situation critique, je me dois d’intervenir. Bien sûr après, je suis démasqué», sourit-il. Pas très grave dans ce cas, puisque les trois policiers poursuivront leur patrouille à bord du train régional et à la gare de Montreux.

Haro sur kes touristes

Ici, comme à Lausanne, les touristes sont nombreux. « Ils sont souvent la cible des voleurs, car ils baissent leur garde. Ils voient la Suisse comme un îlot de sûreté où rien ne peut leur arriver», remarque Pierre-Olivier Gaudard, chef de la division de la prévention de la criminalité. La pluie tombe dru et il fait passablement frais. Posté chacun sur un quai différent, deux des policiers discutent au téléphone. «J’ai repéré une tête connue sur le quai d’en face, mais le train est passé et il a disparu.» Après quelques recherches, les compères lâchent l’affaire. Il s’est certainement enfui. La surveillance se poursuit.

Question d’opportunités

La surveillance ne passe pas que par la vue. L’odorat du gendarme est soudainement titillé par une odeur de marijuana, non loin de là. Les policiers abordent alors le mineur concerné, assis sur un banc, qui les suit la mine dépitée à l’intérieur de la salle d’attente de la gare.

Les procédures sont longues, les policiers posent un tas de questions, et gribouillent une tonne de papiers. «Il y a un peu plus de documents à remplir, car c’est un mineur, mais quand même ces tâches administratives sont très longues et fastidieuses.»

Il est 19h30 et la patrouille s’achève bientôt. Une journée calme: aucun voleur n’aura été démasqué. «Nous ne pouvons pas prévoir ce qui se passera, et très souvent, ce genre de mission se déroule selon les opportunités.»

Comment éviter les mauvaises surprises

«Le premier vous distrait... le second vous détrousse!» C’est par ce slogan que la police vaudoise, ainsi que toutes les autres polices romandes, de Berne au Tessin, ont choisi de lancer leur première campagne de prévention commune de l’année.

Celle-ci concerne les vols à la tire ou à l’astuce. Pickpockets dans les transports publics, vols au-dos-à-dos sur les terrasses, ou encore vols à la portière, sont autant de facettes de ce type de délits où, dans la majorité des cas, la victime ne se rend compte de rien (lire notre reportage ci-dessus). Car les voleurs à l’astuce, qui agissent le plus souvent à plusieurs, usent dans tous les cas d’un subterfuge pour détourner l’attention de leurs victimes pour arriver à leurs fins. Leur imagination n’a pas de limites.

La plupart des vols ont lieu en gare et pas dans le train, sauf que les gens le remarquent souvent lorsque le train est déjà parti, voire même arrivé à destination.

En gare de Lausanne, le TGV est passablement touché. Beaucoup de gens ne font pas attention et descendent par exemple fumer une dernière cigarette avant le départ du train, laissant leurs affaires à l’intérieur. C’est ces moments que privilégient les voleurs.

Quelques mesures de précautions permettent toutefois de limiter les risques.

1. Ne pas se laisser distraire.

2. Ne prendre avec soi qu’une petite somme d’argent.

3. Mettre son porte-monnaie dans une poche fermée.

4. Ne jamais laisser son sac sans surveillance.

5. Rester très attentif si on vous demande un renseignement ou de l’argent.

6. Dans les parkings, verrouiller sa voiture, ne serait-ce que durant un court instant si vous êtes interpelé.

7. Ne pas laisser entret d’inconnus chez soi.