«Ne nous achetez surtout pas les kilowattheures que par ailleurs nous essayons de vous vendre!» Pour un crédo paradoxal, on aura rarement fait mieux!Et pourtant, nul slogan ne pourrait mieux résumer le plan d’économies d’énergie que la ville de Lausanne, via ses services industriels, s’apprête à mettre en place d’ici le printemps prochain.
Car c’est décidé et (presque) sous toit sur le plan législatif:la Municipalité s’apprête à mettre sur la table environ 4 millions de francs sur trois ans pour financer ce plan. Et une fois n’est pas coutume, l’inspiration est arrivée du côté... genevois, où un plan similaire, quoiqu’à une échelle bien plus grande, est en œuvre depuis de nombreuses années, avec d’excellents résultats.
«Le projet genevois est parti d’un principe législatif de remboursement du trop perçu aux abonnés, observe le Municipal Jean-Yves Pidoux, en charge des Services industriels. Une incitation que nous n’avons pas eue à Lausanne, mais qui évidemment a rencontré un écho très favorable chez nous.»
Il faut dire qu’en matière d’économies d’énergie Lausanne ne part pas de zéro, loin s’en faut.
Coup d’accélérateur
Ainsi, et à titre d’exemple, alors que la ville n’a cessé de s’agrandir, au point d’impliquer la mise en place de 3 à 4 000 points lumineux supplémentaires, sa consommation totale d’électricité en matière d’éclairage public a diminué. De même, alors que la population lausannoise a augmenté, sa consommation globale a également nettement diminué.
Le programme d’économies d’énergie mis en place par la Municipalité, fondé d’ailleurs sur un accord de partenariat avec les Services Industriels de Genève, vient donner un coup d’accélérateur et une cohérence supplémentaires à l’ensemble des démarches déjà initiées à Lausanne.
Le futur programme va ainsi comprendre quatre volets majeurs, dont le premier, celui des opérations écosociales, n’est pas des moindres. «C’est le type même d’action qui allie efficience énergétique, action sociale et citoyenneté, s’enthousiasme Pierre-Yves Pidoux. De jeunes ambassadeurs issus des quartiers concernés se déplaceront dans les foyers populaires pour proposer des ampoules électriques basses consommation, des bouilloires et des guides d’écogestes, tout cela offert par la ville de Lausanne».
Le second volet concerne les commerces et les PME , avec des audits proposés par la ville et des incitations financières sous forme de rachat d’économies d’énergie. «Les commerçants étaient un peu les oubliés de la législation cantonale qui vise en premier lieu les gros consommateurs, explique le Municipal responsable des SiL. Le plan de la Ville vient combler ce vide, et il a d’autant plus de gages de réussite que les commerçants ont déjà très bien joué le jeu pour la mise en place du Plan Lumière de Lausanne».
Enfin, les deux derniers grands axes du plan de maîtrise de la consommation énergétique sont un peu moins «grand public», puisqu’ils concernent l’équipement en ampoules LED, et le conseil personnalisé, mais cette fois à destination des grandes entreprises.
6,5 millions de kilowattheures
Bilan escompté de l’ensemble de ces opérations:une économie d’énergie annuelle de près de 6,5 millions de kilowattheures, soit l’équivalent de la consommation de près de 1 800 ménages lausannois. Le tout, sans sacrifice en termes de confort de vie, et même avec de gros avantages pour les SiL. «Ce programme a aussi un intérêt au vu de la libéralisation qui s’annonce, conclut Jean-Yves Pidoux. L’ouverture du marché veut que les fournisseurs d’énergie développent de plus en plus une logique de conseil et de services. Ce programme de maîtrise de la consommation énergétique nous fera progresser dans ce sens, même si par ailleurs les objectifs d’économie ne sont pas atteints. Dans ce cas d’ailleurs, nous devrons réajuster notre politique dans le sens d’une amélioration des gisements techniques et d’une sensibilisation plus grande en termes de comportements». n