Faut-il sauver à tout prix le soldat Pontaise?

  • Sacrifié dans le cadre du projet Métamorphose, le stade de la Pontaise est voué à la démolition.
  • Depuis 10 ans, ses partisans mettent tous les moyens en œuvre pour le sauver.
  • Histoire d’une guérilla juridico-politique qui est loin d’être terminée.

  • Un stade bâti en 1954 qui fait désormais partie du patrimoine lausannois. dr

    Un stade bâti en 1954 qui fait désormais partie du patrimoine lausannois. dr

«S’il le faut, nous irons au référendum»

Alexandre Antipas, Patrimoine Suisse Vaud.

Jusqu’au bout. Ils iront vraiment jusqu’au bout! Les défenseurs du stade de la Pontaise n’entendent pas lâcher prise. Et pour cause: bâti pour la Coupe du Monde de football en 1954, l’édifice qui accueille aussi depuis de longues années le célèbre meeting Athletissima, fait réellement partie du patrimoine architectural et sportif des Lausannois.

Seulement voilà: dès le début, le célèbre stade a été sacrifié sur l’autel du projet Métamorphose, si cher aux précédentes municipalités et qui prévoit, y compris lors de toutes ses versions successives, de remodeler complètement la configuration de la ville. Exit donc le stade de la Pontaise, voué à la démolition, afin de laisser place à une Lausanne moderne, sportive et en phase avec son temps.

Coûte que coûte...

Sauf que les opposants à la démolition du stade ne lâchent pas prise et mènent depuis plus d’une décennie contre la Municipalité, une véritable guérilla juridico-politique où tous les coups sont permis.

Dernier épisode en date: le préavis transmis le 24 mars dernier par la Municipalité au Conseil communal, concernant le plan partiel d’affectation du futur stade de la Tuilière et pour lequel la section vaudoise de Patrimoine Suisse à d’emblée fait opposition.

Opposition exprimée également par la même association, à peine un mois auparavant, cette fois contre le projet de transformation du stade Pierre de Coubertin à Vidy, également prévu dans le cadre de Métamorphose.

Une attitude de «neinsagers» systématique dont l’objet n’est pas de mettre à mal le projet de Métamorphose, mais bel et bien d’obliger la Municipalité à conserver coûte que coûte la Pontaise.

Un beau projet

«Métamorphose est un beau projet que nous soutenons, précise l’architecte Alexandre Antipas de Patrimoine Suisse VD. Mais nous pensons qu’il peut se réaliser en préservant la Pontaise, dont l’intérêt architectural est majeur. C’est vrai, nous agissons de manière indirecte par nos oppositions, parce que nous entretenons un dialogue de sourds avec la Municipalité. D’ailleurs nous ferons également opposition lorsque le plan partiel d’affectation qui concernera la Pontaise sera communiqué ».

Si la guerre des oppositions n’est donc pas près de se terminer, elle témoigne de la détermination qui anime les partisans du sauvetage de la Pontaise. En 2010, ceux-ci n’avaient pas hésité à introduire auprès du conseiller d’État de l’époque François Marthaler, une demande de classement du stade comme monument historique, une mesure qui l’aurait définitivement mis à l’abri de toute démolition, mais qui est vouée à l’échec (lire brève ci-contre).

Une année plus tôt, en octobre 2009, les citoyens lausannois venaient en outre de rejeter par près de 56% des voix, l’initiative populaire « Pour les deux stades au Nord », un rejet qui a explicitement condamné le stade de la Pontaise, désormais voué par la volonté populaire à être détruit pour faire place à un éco-quartier, prévu dans le cadre du projet Métamorphose 3.

Démarche inconvenante?

Aux premières loges et en charge du dossier depuis plus d’une décennie, le Municipal sortant Olivier Français déplore l’acharnement des partisans de la Pontaise: «Ils ont clairement exprimé qu’ils feraient tout pour éviter la destruction du stade. Cette démarche est inconvenante car elle n’est pas conforme à nos usages, lance-t-il. D’autant qu’on aurait pu penser que l’expression de la volonté populaire en 2009, aurait mis un terme à leur opposition systématique. Sans compter que tous les préavis autour de Métamorphose, une vingtaine tout de même, ont été menés étape par étape dans une démarche participative avec le conseil communal, qui a pris des décisions claires sur la démolition de la Pontaise». Et de rappeler: «Je suis d’autant plus choqué qu’au début des années 2000, j’avais moi-même lancé un concours architectural pour donner une deuxième vie au stade de la Pontaise. Mais le Conseil communal avait rejeté ce projet!»

En dépit des volontés exprimées par le législatif et le peuple lausannois, Patrimoine Suisse VD n’entend pas en rester là. L’association place désormais ses espoirs dans... la nouvelle Municipalité, sortie des urnes en février dernier. Une démarche jugée «irréaliste» par Olivier Francais et qui pourrait conduire Patrimoine Suisse à se lancer à solliciter à nouveau la volonté populaire.

«Lancer un référendum, ce n’est pas simple, admet Alexandre Antipas. Mais nous ne l’excluons pas, et tout dépend de la manière dont les choses vont tourner avec la Ville et le Canton.»