« Il me reste 12 mois et je ne laisserai rien passer!»

- Municipal en charge des travaux depuis l’an 2000, Olivier Français ne sollicitera pas de nouveau mandat en 2016.
- Son avenir politique, il le voit à Berne, si possible au Conseil aux Etats, tout en s’apprêtant à relever de nouveaux défis professionnels.
- Retour sur un mandat exécutif aussi exaltant que chahuté avec un bilan des réussites et des échecs.

  •  Olivier Français. © Valdemar VERISSIMO

    Olivier Français. © Valdemar VERISSIMO

«Au Conseil communal, je subis une guérilla ininterrompue depuis 15 ans. »

Lausanne Cités: Pourquoi avoir décidé de ne pas vous présenter pour un nouveau mandat à la Municipalité en 2016?

Olivier Français: J’observe des cycles de vie de 8 à 12 ans. A la Municipalité, et si Dieu me prête vie, j’en aurai fait 16, alors que j’avais toujours dit que je me réorienterais vers l’âge de 55-58 ans. C’était donc le moment…

La candidature du duo Blanc-Hidbrand ne vous a-t-elle pas poussé vers la sortie?

Franchement, on a un peu écrit n’importe quoi sur le sujet. En réalité, il y a longtemps que j’avais décidé de ne pas faire de législature supplémentaire et je pensais annoncer ce choix le 2 juillet prochain. Mais les choses se sont précipitées avec la décision de tenter le Conseil des Etats. Pour être clair, je n’avais aucun souci à laisser les jeunes de mon parti s’annoncer et se démarquer, cela fait même 15 ans que je le demande. En outre, j’espère bien qu’il y aura deux Municipaux PLR. Ils sont intelligents et bien formés et ne pourront qu’apporter plus d’autocritique au sein de la Municipalité…

La Municipalité en manque-t-elle à ce point-là?

Franchement, les contrariétés ont été nombreuses au cours de cette dernière législature. Ça a été rude à tous égards, qu’il s’agisse du Conseil communal ou avec mes collègues de l’Exécutif. Au Conseil communal, je subis une guérilla ininterrompue depuis 15 ans, à coups d’interpellations et de postulats totalement inutiles qui génèrent un travail administratif superflu. Alors, quand on met bout à bout le harcèlement et l’irresponsabilité du Conseil communal alors que mes 6 collègues de l’exécutif, pourtant de la même majorité, n’interviennent pas, il y a un effet de ras-le-bol… Donc c’est clair, dans les douze mois qui me restent, je ne laisserai plus rien passer, d’autant que l’absence de reconnaissance pour le travail accompli peut être blessante…

Ne pensez-vous pas que votre style a pu contribuer à alimenter cette absence de reconnaissance?

On me dit parfois: «Vous êtes rugueux, mais pas gonflé», et ça, ça me va très bien, car je suis toujours très respectueux des personnes. Si j’ai appris quelque chose de mon métier d’ingénieur, c’est bien de toujours me remettre en cause. Ma méthode de travail est de me repositionner régulièrement, car pour moi, le politique doit être la solution du problème, alors que trop souvent les politiques sont le problème…

Venons-en à votre bilan…

La Riponne, la coulée verte, le M2, le tapis végétal à la Sallaz et bien d’autres réalisations, c’est tout de même moi! De fait, je n’ai aucune frustration: j’ai mené le M2, j’ai développé le M3, Métamorphose vient de mon parti… Alors oui, j’ai le sentiment du devoir accompli, d’autant que les Travaux, c’est un dicastère très lourd. A l’époque, la gauche me l’avait confié avec deux ou trois cadavres dans le placard, mais le piège des Travaux ne s’est pas refermé sur moi (rires)! J’ai fait ce que j’avais dit, j’ai pu réaliser ce que je pensais, et ça, c’est un privilège incroyable. L’autre privilège, c’est d’avoir eu des collaborateurs formidables. Il sera beaucoup plus dur de quitter mon équipe que de prendre congé de la Municipalité ou du Conseil communal (rires) !

Qu’avez-vous appris durant ces 16 années d’exécutif?

Au tout début, les relations avec mes collègues de la Municipalité ont commencé de manière très dure pour moi, avec une agressivité inouïe. Au point qu’à la deuxième séance, j’avais même eu envie de claquer la porte. C’est un métier où on apprend à s’adapter aux exigences des autres et à développer le relationnel… Aller à la rencontre de la population lors de dizaines de rencontres annuelles, ça forge !

N’avez-vous pas de regrets?

Si, la tour Taoua qui a fait l’objet d’une erreur de casting. Son architecture ne répondait pas aux attentes des habitants. Et puis, à force de vouloir tout mettre dans un projet, on rassemble les opposants. Nous avons fait un mauvais choix et je regrette de ne pas avoir eu assez de poids pour faire voter les Lausannois beaucoup plus tôt.

Dans le même temps, vous êtes au Conseil national à Berne et vous vous portez candidat pour le Conseil aux Etats…

Berne est une très grande expérience, très enrichissante, d’autant que j’y ai trouvé une grande entente entre Romands. Avec mon expérience exécutive, on m’a même confié le leadership de la Commission des transports… Le Conseil aux Etats, par contre, c’est une volonté de donner une deuxième voix au canton, afin qu’il ne soit pas uniquement représenté par la gauche…

En dehors de la Berne fédérale, comment voyez-vous l’après-Municipalité?

Vous savez, j’ai déjà eu plusieurs vies: dans la recherche, en entreprise, dans mon bureau d’études et au sein de l’exécutif lausannois. Une chose est sûre : je ne retournerai pas à mon bureau d’études. J’ai reçu pas mal de propositions qui me permettraient de mettre à profit ma valeur professionnelle et si certains scénarios se mettaient en place, il y aura deux ou trois choses qui vont bien vous étonner. Car je reste un homme de projets et de défis. D’ailleurs, un de mes rêves est de traverser les Alpes à pied!