Le PLR veut reprendre la main sur la sécurité

Après le triste épisode du viol sur l’Esplanade de Montbenon, le PLR fustige la politique sécuritaire de la gauche. Une manière de mettre sur orbite la double candidature à la Municipalité de Mathieu Blanc et Pierre-Antoine Hildbrand. Grégoire Junod dénonce «une instrumentalisation», l’UDC un effet «d’esbroufe».

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«Le problème est de passer de la parole aux actes» Mathieu Blanc

Tient-on LE thème majeur de la rentrée politique à Lausanne? C’est en tout cas ce que semblent croire Mathieu Blanc et Pierre-Antoine Hildbrand, les deux jeunes loups du PLR qui, au cœur de l’été, se sont fendus d’un communiqué dont le moins que l’on puisse dire est qu’il ne fait pas dans la dentelle. Intitulé «Esplanade de Montbenon, nouveau symbole du déni sécuritaire de la majorité de gauche?» et prenant prétexte du triste viol d’une passante sur l’esplanade de Montbenon, assorti d’une maladroite réponse du municipal Tosato à une journaliste de l’Hebdo - «il n’y a pas d’insécurité à Montbenon ou ailleurs, mais un phénomène de société » -, le texte des libéraux-radicaux lausannois déplore vertement «le peu de résultats enregistrés» sur le front de la sécurité à Lausanne.

Une prise de position à la fermeté indiscutable, en forme de stratégie politique qui s’explique par la très précoce candidature à la Municipalité du duo Blanc-Hildbrand.

Partis très tôt pour une élection prévue en 2016 (lire notre édition du 3 juillet), les voici contraints de fixer l’agenda politique d’une campagne qui s’annonce particulièrement longue et incertaine.

«Dans une situation d’ultra-minoritaires, notre discours se doit d’être un peu musclé, admet le conseiller communal Mathieu Blanc et cosignataire du communiqué. Nous avions annoncé que nous allions soumettre à intervalles réguliers des idées aux Lausannois. Nous commençons d’ores et déjà avec des propositions en matière de sécurité (Lire encadré)».

«Nous sommes dans l’instrumentalisation d’un fait divers, s’insurge Grégoire Junod, le Municipal en charge de la sécurité. D’autant plus que les mesures proposées par le PRL sont sans rapport avec cet événement dramatique mais heureusement isolé. Je n’ai aucun problème avec la confrontation et le débat d’idées sur les questions de sécurité. C’est même indispensable car si les mesures engagées depuis deux ans portent leurs fruits, les problèmes ne sont de loin pas tous réglés. Il n’y a donc aucune banalisation. Mais l’intervention du PLR sent surtout l’approche des élections. C’est regrettable car nous avions réussi depuis quelques temps à mener, au Conseil communal, un débat moins dogmatique et plus serein sur la sécurité.»

Nombreux progrès

Et de rappeler les progrès effectués en la matière depuis son entrée en fonction, il y a un peu plus de deux ans: amélioration sur le front de la mendicité, sur la question des nuits lausannoises, le tout accrédité par une baisse des statistiques de la criminalité en 2013.

«Tout de même, la situation sur le terrain appelle à des commentaires plutôt fermes, nuance Mathieu Blanc. Clairement, le discours de Grégoire Junod a marqué un changement et une volonté de prendre les choses en main, mais le problème aujourd’hui est celui du passage de la parole aux actes, même si nous concédons volontiers quelques succès, par ailleurs souvent obtenus sous notre impulsion.»

«Nous avons privilégié le consensus avec la gauche pour faire avancer les choses, ajoute-t-il. Mais la façon d’empoigner ces problèmes pourrait être différente et plus efficace: les retours que nous avons depuis le terrain montrent d’ailleurs les attentes de la population».

Esbroufe

Prise de vitesse sur ce qui a toujours été un de ses sujets de prédilection, l’UDC ne mâche pas ses mots: «Tout cela c’est de l’esbroufe, rétorque Philipp Stauber, président du groupe UDC au Conseil communal de Lausanne. Aussi longtemps que messieurs Blanc et Hildbrand ne s’intéresseront pas au fond du problème, à savoir les questions carcérales et de libre circulation, nous sommes plus dans la gesticulation que dans la gestion des questions concrètes. Quant à la gauche, même si nous avons limité notre recours aux initiatives pour lui permettre de travailler ces dernières années, force est de constater que sa démarche relève plus de la poudre aux yeux qu’autre chose».

De nouvelles propositions en préparation

D’ici quelques semaines, le PLR lausannois s’engage à revenir avec un certain nombre de propositions concrètes pour améliorer la sécurité. «Nous entendons rencontrer les acteurs sur le terrain avant de nous prononcer, annonce Mathieu Blanc. Le voisinage, les responsables de parking, les commerçants etc... L’idée est que les pistes de réflexion remontent depuis la base pour être au plus près de la réalité du terrain».

D’ici là, deux axes d’action sont déjà largement évoqués: en premier lieu, un renforcement massif de la présence policière dans les zones à risque, comme la Riponne, Montbenon, Chauderon, le Flon etc. Il s’agira en outre d’édicter une interdiction totale de la consommation d’alcool dans ces lieux, une proposition déjà avancée par le PLR, «mais dont la gauche n’a pas voulu».