LEB-tl: une union difficile!

- Le rapprochement entre le LEB et les tl ne se fait pas sans mal. Les syndicats montent au créneau.
- Michel Joye, directeur des tl, relativise le conflit et évoque un accord d’ici la fin de l’année.
- Il estime que l’offre des transports publics va considérablement s’étoffer à moyen terme.

  •  Michel Joye espère arriver à un accord avec les syndicats d'ici la fin de l'année. VERISSIMO

    Michel Joye espère arriver à un accord avec les syndicats d'ici la fin de l'année. VERISSIMO

«On a passé une heure et demi avec chacun des 60 collaborateurs du LEB, pour connaître leur état d’esprit et leurs craintes»

Lausanne Cités: L’entrée des employés du LEB sous l’égide des tl ne se fait pas sans grincements. Où en est-on dans le processus?

Michel Joye: Le monde du transport est en mutation rapide. 40% des collaborateurs des tl n’ont pas connu la période d’avant le m2. Tout va vite et la décision de rapprochement entre les tl et le LEB a été soudaine. Et tout ce qui est soudain suscite des émotions. tl et LEB avaient des tailles et des fonctionnements différents. Du coup, nous avons mis en place un projet de changement, qui nous a conduits à entrer en contact avec le personnel. On a passé une heure et demi avec chacun des 60 collaborateurs du LEB, pour connaître leur état d’esprit, leurs craintes et répondre à leurs demandes urgentes… Un processus de changement nécessite toujours de trouver le bon tempo. Dans 5-6 ans, tout le monde aura l’impression de faire partie de la même entreprise!

Mais tous ne semblent pas pour autant convaincus?

Grosso modo, la moitié d’entre eux voient ce rapprochement comme une belle opportunité, une petite moitié attend de voir la suite. Seules 7 personnes n’ont rien vu de positif dans ce processus...

N’est-ce pas un peu de la langue de bois... En septembre dernier quelque 300 personnes, soutenues par le syndicat SEV, ont quand même manifesté…

Chacune des deux entreprises avait sa propre convention collective. Aujourd’hui, il nous faut en conclure une nouvelle qui soit moderne et attractive pour nos collaborateurs actuels et futurs. Dans ce processus, il n’est pas étonnant que le syndicat se mobilise. Nous aux tl, on a une tradition de dialogue social que l’on veut soigner. Nous maintenons des rapports cordiaux avec les syndicats tout en nous disant les choses à haute voix, car c’est nécessaire. Alors de parts et d’autres, nous aimerions aboutir encore cette année!

Vous avez évoqué la question de l’attractivité des tl. Que faire pour faire venir des conducteurs qui sont devenus une denrée rare?

Nous y travaillons depuis de nombreuses années et continuons. Nous avons il y a plus de 10 ans introduit un système qui permet aux conducteurs de planifier eux-même leur travail, ce qui a été une nouveauté dont nous sommes fiers et qui a reçu un bon écho au niveau international. Depuis, bien d’autres entreprises s’en sont inspiré. Nous continuons de prendre le problème à bras le corps. Le métier de conducteur est d’une part toujours plus exigeant et d’autre part, pour assurer le développement des transports publics, nous aurons besoin ces prochaines années d’engager plusieurs centaines de conducteurs. Nous allons donc encore travailler sur les conditions de travail et donc aussi salariales, mais aussi pour assurer un meilleur soutien au quotidien de nos conducteurs sur le terrain. Mais c’est sûr, le marché du travail est assez tendu.

Très récemment, les tl ont refusé de communiquer à propos du nombre d’amendes impayées, avant de faire marche arrière…

A vrai dire cet épisode a plus résulté d’un bug interne que d’une volonté de ne pas communiquer. Nous avons rectifié le tir dès que possible! En tant qu’entreprise de transport, afin d’assurer nos recettes, et par souci d’équité pour notre clientèle, nous procédons à des contrôles et nous visons un taux de resquille inférieur à 3% . Et nous y arrivons.

Les tl viennent de lancer un dispositif de paiement par sms… Vous en êtes satisfaits?

Cela fonctionne très bien. La semaine passée, nous en étions à 2000 achats par jour, un mois après le lancement seulement, et cela ne cesse d’augmenter. Tout comme l’information aux voyageurs qui est notre priorité. Notre application pour smartphones qui donne des informations en temps réel enregistre plus de 65’000 requêtes par jour! Et ce n’est pas fini, car nous allons étendre notre recherche d’itinéraires, et de nouvelles applications vont émerger à moyen terme, comme par exemple pour les personnes à mobilité réduite. En fait, la priorité pour les clients est de pouvoir maîtriser leur temps eux-mêmes. D’où un grand besoin d’information en temp réel.

L’autre grief, récurrent, est celui de la cherté des tarifs. A Genève, une initiative a même imposé une réduction du prix du billet…

Dans les années à venir, l’offre en transports publics sera considérablement étoffée. Le tramways t1, les lignes de bus à haut niveau de service (BHNS), le m3 vont également nécessiter de nombreux investissements, ce qui implique des coûts supplémentaires. Et ces coûts, pour les tl, sont supportés aujourd’hui à 65% par la collectivité et à 35% par la clientèle, c’est en fait moins que ce que l’on trouve ailleurs en Suisse. On ne peut pas s’imaginer que les coûts supplémentaires vont être supportés uniquement par les collectivités. Elles ont encore bien d’autres missions. Il faudra donc trouver le bon équilibre entre la participation des clients et des collectivités. Alors c’est sûr, une augmentation suscite toujours des réactions émotionnelles et c’est bien normal, les réponses rationnelles ne satisfont pas toujours!

Vous évoquiez le M3. Où en est le projet ?

Le m3 comme les autres projets des Axes forts, s’inscrit dans le développement stratégique des transports publics de l’agglomération. Il fait partie du PALM 2012 dont la demande de subventionnement auprès de la Confédération vient d’être accordée par le parlement pour une première étape. Donc affaire à suivre…