Réseaux sociaux: mais que font vos candidats?

- A part quelques passionnés, les candidats vaudois aux élections fédérales utilisent peu les réseaux sociaux.
- Facebook et tweeter offrent d’évidents avantages, en particulier pour cibler les jeunes électeurs.
- Pour l’essentiel, les candidats privilégient une valeur sûre: le travail de terrain, toujours incontournable.

  •  Réseaux sociaux: mais que font vos candidats?

    Réseaux sociaux: mais que font vos candidats?

«L’impact des réseaux sociaux n’est pas identifié» René Knüsel, professeur à l’UNIL

Ils sont plus de 300! 300 citoyennes et citoyens émérites à rêver d’un siège aux chambres fédérales pour y représenter le canton de Vaud (lire ci-dessous). Parmi eux, il y a les petits nouveaux qui tentent leur chance pour la première fois. Les néoconvertis qui, finissant un mandat communal ou municipal, cherchent un point de chute. Les vieux briscards qui connaissent Berne et souhaitent y rester ou y revenir. Et puis enfin, il y a les branchés, un rien geeks et les «off line» pour lesquels réseaux sociaux riment avec... science-fiction.

Et le moins que l’on puisse dire, c’est que d’une manière générale, la campagne pour les élections fédérales sur les réseaux sociaux s’apparente plus à un encéphalogramme plat qu’à la triomphale marche digitale d’Obama en 2008.

Activité réduite

Ainsi, un rapide tour de l’activité de nos candidats sur les réseaux sociaux montre qu’à part un petit nombre de «ténors», l’activité militante y est plutôt limitée à sa portion congrue. Si la plupart d’entre eux disposent d’un compte facebook, celui-ci est en général réduit à sa simple expression ou à quelques «posts» plus ou moins réguliers. Sur le site de micro-blogging twitter, c’est encore pire, et un grand nombre de candidats n’y disposent même pas de compte.

Discrétion

Bien sûr, la «fracture générationnelle» entre en ligne de compte et il est évident que les candidats les plus âgés sont les moins actifs. Parfois aussi, la «discrétion numérique» relève d’un choix délibéré. «C’est un parti pris que j’assume, explique par exemple la socialiste Rebecca Ruiz. Je ne suis pas très autocentrée et je ne trouve pas nécessaire de publier des selfies à tout bout de champ. Si je suis présente sur facebook, c’est plutôt pour mettre en valeur le travail que font nos militants ou bien certaines décisions importantes prises au National. Mais c’est une question d’équilibre et il est important d’être plutôt sur le terrain pour y rencontrer les gens». Champions toutes catégories de l’activisme sur les réseaux sociaux, le socialiste Jean-Christophe Schwaab et le PLR Fathi Derder.

Lieu pour échanger

«Facebook fait partie de mon travail quotidien depuis déjà de nombreuses années, explique ce dernier. Ce réseau social, que je préfère à twitter qui se mue de plus en plus en outil pour des journalistes, permet d’engager un vrai débat citoyen. C’est le lieu idéal pour échanger!»

Le très expérimenté Jean-Christophe Schwaab, qui compte plus de 6500 posts sur twitter, et dans lesquels il n’hésite pas à tacler directement les partis concurrents, ne dit pas autre chose: «Pour moi les réseaux sociaux, y compris twitter que j’ai appris à découvrir, sont un évident instrument de campagne électorale. C’est un moyen de diffuser ses idées et, à l’inverse des médias traditionnels, de créer ou de prolonger le débat car cela force les adversaires à réagir, le tout sans la modération de journalistes, ce qui est un avantage. Mais évidemment cela demande du temps.» Et de nuancer tout de même: «mais il y a une erreur à ne pas commettre, c’est bien entendu de négliger la campagne sur le terrain». Comment avec de telles potentialités expliquer la frilosité numérique de nos candidats?

«Les réseaux sociaux ne sont pas encore pensés comme le meilleur moyen de joindre l’électeur, car leur impact n’est pas encore bien identifié, explique le politologue René Knüsel de l’Université de Lausanne. Il est probable que certains publics peuvent plus ou moins être ciblés ou atteints selon les moyens auxquels on recourt. Par exemple, l’adéquation jeunes et réseaux sociaux se vérifie pour l’instant, alors que les jeunes ne constituent pas les électeurs les plus assidus au vote. Les réseaux sociaux peuvent être un outil si l’on estime que l’on est en mesure d’atteindre une grande partie de son électorat potentiel par ce moyen. Ce qui est vrai pour quelques candidats. Mais pour la majorité, d’autres moyens doivent être utilisés afin de mobiliser les indécis ou les cercles plus difficilement mobilisables. Cette année par exemple, j’observe qu’un accent important a été mis sur les placards électoraux. »