Via sicura: les opposants lancent une initiative

  • L’association Stop aux abus de Via sicura (ASAVS) lance une initiative pour tempérer les règles en vigueur.
  • Elle estime dispoportionnées  les peines qui sanctionnent les délits de chauffards.
  • Son secrétaire général, Pierre Contat, explique sa position. La récolte de signatures devrait quant à elle débuter courant mai.

  •  Compteur

  • Pierre Contat, député UDC valaisan, secrétaire général de l’ASAVS. dr

    Pierre Contat, député UDC valaisan, secrétaire général de l’ASAVS. dr

  • Via sicura: stop à la criminalisation

    Via sicura: stop à la criminalisation

«Je suis actuaire de formation. Je peux vous dire que, selon les hypothèses de base, on fait dire ce que l’on veut ou presque à une statistique…»

Pierre Contat, secrétaire général de l’ASAVS

Lausanne Cités: Votre initiative était prête depuis près de deux ans. Vous venez enfin de la lancer. Pourquoi avoir attendu si longtemps? Faute de soutiens réels et en suffisance?

Pierre Contat: Petite précision, l’initiative n’est pas prête depuis 2 ans, nous y travaillons depuis 20 mois environ. Elle était prête en juin 2015 déjà, mais nous avons quelque peu attendu pour la lancer. Et cela pour deux raisons: d’abord nous attendions le résultat de la motion déposée par le conseiller national Regazzi au National, qui reprenait en partie des éléments de notre texte, pour savoir si nous devions éventuellent apporter quelques modifications à notre propre texte. Ensuite parce que nous cherchions parallèlement à développer des contacts en Suisse alémanique pour la récolte des signatures.

Ce que vous reprochez à Via sicura, c’est une disproportionnalité entre la gravité de la faute commise par un automobiliste et la sanction encourue. Donnez-nous quelques exemples…

C’est simple. Une personne qui fait un excès de vitesse, sans mettre en danger autrui, sur l’autoroute, sur une route de montagne ou en pleine campagne, se verra infliger une peine automatique (même si elle n’est pas récidiviste) qui sera plus forte que pour un viol, la vente de drogue, et même un homicide par négligence, car dans ces cas-là le juge peut apporter une appréciation sur la gravité du fait commis (récidive, antécédents tels que enfance difficile, etc.) ce qui n’est pas le cas avec Via sicura!

Avec en plus, dites-vous, un tas d’autres dégâts colatéraux…

Oui, perte d’emploi ou suivi de problèmes familiaux. Un certain nombre de cas connus chez nous qui sont maintenant à l’assistance sociale…

Ces dernières années, les accidents sont en baisse dans notre pays. Cela tendrait plutôt à démontrer que la sévérité fédérale a contribué à calmer les ardeurs de certains conducteurs ?

Quelles statistiques peuvent prouver cela? Quid de la sécurité des véhicules par le développement technologique et des infrastructures routières? Contre exemple: le revenu des amendes par radar en Valais a été stable et se situe aux environs de 3 millions entre 2012 à 2014. Sur Vaud, c’est variable entre 30 et 40 millions! La statistique des accidents de ces deux cantons est quasi identique sur la période alors que l’on pourrait s’attendre à ce que le canton de Vaud soit beaucoup plus «sécurisé» grâce à une répression plus forte!

À contrario, on pourrait dire que l’impact de Via sicura a au moins une influence sur les délits de chauffard puisqu’ils sont en régression: 53 en 2013 contre 37 en 2015...

À voir dans ces «chauffards» lesquels le sont vraiment, à savoir qui a mis en danger d’autres personnes et qui s’est simplement fait prendre au radar, sans mise en danger d’autrui... Cela dépend de trop d’éléments aléatoires: les prises de vitesse ont-elle été réalisées en ville, en campagne, sur autoroute et dans quelle proportion? Je suis actuaire de formation. Je peux vous dire que, selon les hypothèses de base, on fait dire ce que l’on veut ou presque à une statistiques...

Les radars ne servent donc à rien. Il faudrait donc les supprimer?

Non! Selon les circonstances, devant les écoles ou autres lieux à risque, il faudrait les intensifier, mais sinon les diminuer.

Faudrait-il aussi modifier les peines maximales destinées aux fous du volant ou aux pratiquants de rodéos routiers?

Nous ne souhaitons pas modifier Via sicura dans ces cas-là! Ceux qui «s’amusent» à ces jeux-là doivent être punis sévèrement, car ils mettent en danger les autres.

Ce que vous prônez dans le fond, c’est qu’on sensibilise plutôt qu’on punisse de manière excessive...

La notion de sécurité (Sicura...) devrait effectivement privilégier la sensibilisation par la prise de conscience des comportements à risque comme la vitesse, la prise de drogue, d’alcool ou de médicaments, ou encore la conduite agressive… Mais pas seulement! Par une meilleure formation des conducteurs, notamment en termes de maîtrise du véhicule dans différentes situations (trafic dense, surfaces glissantes, ...), par l’adaptation aux conditions de la route !