Deuil 2.0 et Etat de droit...

Certains drames intimes agissent comme les révélateurs des maux de notre société. Celui de la jeune Chloé, assassinée la semaine dernière à Belmont en est assurément un. Un drame terrible pour la famille, qui en portera longtemps les stigmates. Et comme d’habitude, les réseaux sociaux, se sont mués en espace privilégié des légitimes indignations et émotions collectives.

Seulement voilà: comme pour mieux exorciser sa douleur, le beau-père de la victime a publié sur facebook, le nom du meurtrier, qui d’ailleurs, s’est suicidé sitôt son crime commis. Ce faisant,l’opprobre est ainsi jeté non point sur l’assassin, mais sur sa famille, qui n’a de fait rien à voir avec ce crime horrible. Comme souvent, le web se mue en vecteur privilégié de nos émotions, remettant en question les fondements de notre société démocratique. Primo, chacun d’entre nous est responsable de ses actes et aucun membre de son entourage ne saurait en être tenu comptable. Secundo, et c’est le propre d’une société civilisée, personne ne se fait justice lui-même. Des institutions légitimement élues et désignées selon des procesuss démocratiques édictent le droit et rendent la justice, au nom du peuple souverain qui, dans notre pays, et c’est un privilège, est régulièrement consulté.

Aussi légitime soit-elle, aussi insoutenable soit-elle, la souffrance des victimes ne doit jamais remettre en cause ces piliers de notre société. Cela s’appelle l’Etat de droit...