«La RIE III va affaiblir le canton de Vaud!»

VOTATIONS • La troisième réforme de l’imposition des entreprises (RIE III) suscite la polémique. Antoine Chollet, Co-président du groupe SSP Hautes Écoles et membre de la coalition vaudoise “Touche pas à mes services publics”, répond à la prise de position faite dans nos colonnes (LC édition du 14 janvier) par le président du Conseil d’Etat, Pierre-Yves Maillard.

  •  Antoine Chollet - Crédit: Nicole Chuard/unil

    Antoine Chollet - Crédit: Nicole Chuard/unil

Lausanne Cités: Vous vous opposez à RIE III, la troisième réforme de l’imposition des entreprises. Quels sont les motifs de cette opposition?

Antoine Chollet: Ils sont de trois ordres. Les 450 millions de francs de recettes en moins (chiffre du Conseil d’État, sans doute sous-estimé) devront bien être compensés d’une manière ou d’une autre. L’argent ne poussant pas sur les arbres, cela se traduira soit par des hausses d’impôts, soit par une baisse des prestations de service public, et sans doute par les deux.

Ensuite, cette baisse s’inscrit dans une logique désastreuse de concurrence fiscale. À terme, hormis les actionnaires des multinationales, tout le monde y perd. Même Schwytz a dû se rendre à l’évidence en augmentant l’impôt sur le revenu en 2015.

C’est enfin une décision extrêmement risquée puisque le paquet fédéral n’est pas encore voté. Les statuts spéciaux seront abolis, mais de nouveaux privilèges fiscaux vont certainement être créés.

Dans nos colonnes, Pierre-Yves Maillard a clairement marqué son intention de se battre pour la RIE III notamment parce qu’elle comprend un volet social très favorable à la population et, in fine, protège l’emploi. Vous contestez cette vision des choses?

Le référendum ne porte pas sur ce volet social, que personne ne conteste, mais seulement sur la baisse de l’impôt sur les bénéfices des entreprises. Quant à l’emploi, la RIE III va affaiblir le plus gros employeur du canton, l’État, pour offrir des millions à des entreprises qui, elles, ne représentent que 3% des places de travail dans le canton.

Il vous accuse également de rester dans le discours et de ne pas défendre une éthique du résultat… Que lui répondez-vous?

La politique du résultat ne vaut que si le résultat est acceptable! En l’occurrence, il ne l’est pas pour l’immense majorité des habitants du canton. Car quand les collectivités publiques s’appauvrissent, tout le monde y perd. Les finances des communes vont être durement touchées, les services publics aussi, alors que quelques entreprises très profitables vont toucher le jackpot.