Une nouvelle compagnie s'installe à la Blécherette

AVIATION • Seven Aviation, basé à la Blécherette, a contourné la loi sur l'aviation, avec la bénédiction de Berne, pour lancer une compagnie d'aviation sans aucun capital de départ.

  • Ce sont des avions de ce type, des Pilatus PC 12, qui assureront le vols.

    Ce sont des avions de ce type, des Pilatus PC 12, qui assureront le vols.

Lausanne-Paris: 1h05 de vol. Londres: 2 heures. Trieste: 1h30. Basé à l'Aérodrome de la Blécherette à Lausanne, Seven Aviation propose aussi des destinations plus confidentielles mais intéressantes pour l'aviation d'affaires, comme Saanen ou Fribourg. Sur ces pistes interdites aux jets, elle fait atterrir des Pilatus PC 12, un avion suisse très solide et capable de se poser sur de très courtes distances. Seulement voilà, en Europe, un tel appareil avec une seule turbine n'a pas le droit d'assurer des vols commerciaux.

Une astuce

Quelle est l'astuce? «En accord avec l'Office fédéral de l'aviation civile (OFAC), nous avons créé un club d'aviation composé de membres, confie Yves Roch, fondateur de Seven Aviation. Cela nous permet d'interpréter les lois en vigueur de manière à ce que notre activité soit considérée comme de l'aviation privée, de type club ou association.» Cette manière habile de contourner la loi sans l'enfreindre impose cependant des contraintes à l'entreprise: seuls les membres du club peuvent voler sur ses avions. Celui qui n'est pas propriétaire d'un avion doit patienter 30 jours après son inscription avant de pouvoir louer un appareil, en tant passager accompagné d'un pilote professionnel salarié par Seven Aviation. Le club n'a pas le droit de faire de publicité.Question sécurité des passagers n'est-il pas dangereux de contourner les lois? «Tous nos appareils sont aussi des avions-écoles, explique Yves Roch. Cette activité nous oblige à respecter le même suivi de maintenance que les avions d'une compagnie d'avions-taxi qui vole avec des jets. C'est une garantie de qualité.» Le club cherche aussi à imposer certaines normes à ses membres comme la présence sur tous les vols d'au moins deux pilotes formés ou dont l'un est en formation. Ces professionnels refusent de décoller en cas de météo difficile.

Un modèle original

Comment finance-t-on une compagnie aérienne, même petite? Les derniers essais en Suisse romande, tel Baboo, ont montré la difficulté de l'exercice. «Nous louons les avions de propriétaires privés, afin de réduire nos coûts et de leur permettre de rentabiliser leurs machines», confie Yves Roch, qui assure avoir démarré avec zéro franc en caisse, en novembre 2011. «Nous avons proposé à un propriétaire d'avion d'assumer pour lui tous les frais de son appareil, à condition de pouvoir le louer à d'autres passagers. Nous lui avons aussi demandé de nous acheter par avance 100 heures de vol sur son propre avion. Cet accord a permis de créer le fond de roulement, de contrôler un avion et de maîtriser les prix.» Ce propriétaire a réduit ainsi ses frais d'entretien de près de 60'000 frs en 2012, tout en ayant un PC 12 à sa disposition à tout moment.En fait, ce concept existe déjà pour les jets et les avions à réaction. Seven Aviation l'a adapté au Pilatus PC 12. Ce club utilise deux avions – un troisième devrait arriver – et compte une cinquantaine de membres, qui versent une prime d'adhésion de 750 frs la première année et de 250 frs ensuite. Dont des directeurs de grandes sociétés suisses ou de multinationales, à l'exemple d'un haut cadre de Nestlé. «Le bouche à oreille entre millionnaires de la région est très efficace» conclut Yves Roch en souriant.