Eh non, la musique n’adoucit pas toujours les mœurs!

INSTITUTION • La Haute école de musique de Lausanne (HEMU) est en crise. Comme un air de déjà vu pour une institution qui les cumule depuis des années, sans que les pouvoirs publics n’arrivent pour l’heure à changer quoi que ce soit.

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La HEMU est-elle une institution maudite? Dans tous les cas, elle est une nouvelle fois en crise. Et celle-ci paraît suffisamment importante pour avoir fait réagir le député socialiste Denis Corboz, par ailleurs ancien étudiant au Conservatoire de la ville, qui vient de déposer une interpellation dans laquelle il dit s’inquiéter «de la souffrance généralisée» qui y prévaut.

Un bateau ivre

L’affaire est loin d’être anodine. Notamment parce que depuis une dizaine d’années, cette institution est un véritable bateau ivre qui cumule les crises internes, celles-ci ayant notamment débouché sur le lancement de nombreux audits concernant sa gouvernance, parfois jamais menés à terme, alors que les démissions en son sein s’y sont succédé. Pas plus tard que l’année dernière, c’est le Conservatoire de musique qui traversait des turbulences. Ses six doyens démissionnaient en bloc, dénonçant une gouvernance «inconséquente, autoritaire et dangereuse». De son côté, la direction minimisait, mettant en place une commission musicale intérimaire et annonçait… un nouvel audit pour démêler les dissonances.

Grande souffrance...

Cette fois, ce sont une dizaine d'élèves et des professeurs de la section des Musiques actuelles qui se disent «en grande souffrance» à cause d'un adjoint de direction venu de Paris. Ils dénoncent «ses lacunes pédagogiques», «son attitude inadéquate» et «sa personnalité parfois manipulatrice». La direction annonce qu’il va quitter ses fonctions dirigeantes fin juin, sans quitter l’établissement, et qu’il va se recentrer sur ses activités d’enseignant, louant au passage le «parcours» et «les compétences» de cet homme qui ne serait pas le seul responsable de la cacophonie en cours. Au grand dam des élèves et professeurs concernés.

Dans ce contexte toxique, Denis Corboz a donc raison de s’émouvoir de la situation d’une institution financée par les pouvoirs publics, qui regroupe les cantons de Vaud, du Valais et de Fribourg, et qui a engagé près de «4 millions de frais d’honoraires et de conseillers externes, entre 2018 et 2022, pour aider l’école». Avec les résultats qu’on connaît! Il souhaite donc savoir quelles actions le Conseil d’Etat vaudois pense mener pour y rétablir un climat de travail sain. Un vœu pieu? En se référant au passé, on peut effectivement le craindre, ceci d’autant plus que la direction de la HEMU, comme son Conseil de fondation, ne semblent pas mesurer l’ampleur des crises qui s’y succèdent et peinent aussi à communiquer avec sagacité.

Ce qui sape plus encore l’ambiance générale et démontre à souhait que la musique n’adoucit pas toujours les mœurs.