Il y a des limites à ne pas franchir. Jusqu’à présent, la Municipalité de Rolle avait plutôt le vent en poupe. On lui reconnaissait volontiers un certain dynamisme en matière d’urbanisme. Mais les choses ont changé depuis la présentation du projet Gare-Nord. Le plan de quartier prévoit le déplacement de l’entreprise Schenk en amont, après modification de l’accès à l’autoroute. A la place, un quartier d’habitation haute densité sera créé entre la gare et la jonction routière.
Un projet trop «massif»
Un projet qui n’est pas du goût de tout le monde. «Nous ne nous sommes pas laissés séduire par la représentation idéalisée d’un futur quartier de la gare qui a été présenté en séance publique, tonne Florence de Goumoëns, membre du groupe de réflexion «Quel Rolle?». Nous nous étonnons de l’inadéquation d’un projet aussi massif dans une petite région à laquelle il risque de porter un coup fatal. Une densité pareille, ce n’est pas pour nous!» Et les critiques émises sont nombreuses. Le dossier Gare-Nord pêcherait par son manque d’intégration au paysage général, par son absence de diversité et aussi par une volumétrie excessive. Sans compter le choc démographique. «1 000 habitants de plus pour notre petite ville, ce serait un séisme, s’insurge l’opposante. Mais nous ne nous laisserons pas faire, il y a déjà une soixantaine d’oppositions formelles et les gens se ralliant à notre collectif sont toujours plus nombreux.»
Bras de fer engagé
Du côté de la Municipalité, on ne panique pas. «Je n’étais pas au courant de l’existence de ce groupe de réflexion, précise Françoise Tecon-Hebeisen, municipale en charge de l’urbanisme. Mais cela ne m’inquiète pas vraiment, c’est la démocratie qui est en marche. Et puis, si un référendum doit être organisé, nous le ferons.» C’est le seul point d’accord entre les opposants et la municipale, l’idée de donner la parole aux habitants rollois pour se prononcer sur l’avenir de leur cité. «C’est indispensable car comment vouloir faire passer en force une muraille de Chine au cœur de la cité que l’on surnomme «la perle du lac», se demande Florence de Goumoëns.
La Municipalité insiste, car il y a des enjeux financiers, c’est la seule raison. Argent et développement harmonieux ne font jamais un couple heureux, c’est bien connu. Nous allons nous battre jusqu’au bout pour mettre un terme à ce projet.»