La majorité des marques automobiles présentes à Genève ont clairement fait savoir qu’elles ne désiraient pas d’un salon en 2021. Trop de risques. En quoi elles semblent bien avoir eu raison: comment engager des millions sans certitude que le salon ait bien lieu? Palexpo entend organiser un événement aux mêmes dates. Selon Claude Membrez, son directeur, quand une foire, quelle que soit sa nature, n’a pas lieu une année, il est pratiquement certain que la date est perdue pour l’avenir. Raison pour laquelle Palexpo a imaginé un rendez-vous inédit de trois jours à peu près aux mêmes dates.
Réservé aux professionnels et aux journalistes, il serait l’occasion de présenter les nouveautés. Palexpo fournirait des stands, des podiums pour dévoiler de nouveaux modèles lors de conférences de presse d’une demi-heure. La presse et les invités des marques automobiles seraient le seul public.
Selon M. Membrez, cette formule a le mérite de correspondre au développement durable puisque cela limite les transports et les grosses infrastructures d’un salon. De plus, la retransmission intégrale en streaming combine les avantages de la présence de la presse et de la diffusion, permettant, en cas de crise sanitaire, de se contenter du monde virtuel. À ce jour, l’accueil a été «plutôt positif», relève M. Membrez, mais aucune marque ne s’est inscrite.
Les marques doutent
Selon François Launaz, président d’auto-suisse (qui représente les importateurs), un événement sans public et sans que les importateurs ne soient impliqués n’a guère de sens. Du côté des sièges des principaux acteurs du marché, ce projet ne propose rien de plus que ce qu’ils font déjà depuis chez eux. Avec la crise, ils ont appris à utiliser au mieux le streaming et les contacts virtuels.
Pourquoi devraient-ils se déplacer à Genève pour faire pareil? Présenter un nouveau modèle ne concerne pas seulement un salon ou un événement, il s’agit d’un concept général qui comprend le timing, la publicité, les relations publiques.
Le danger, avec ce que Palexpo imagine, est que le message soit compris comme le remplacement pur et simple du Salon de l’Automobile par un rendez-vous professionnel minimaliste.
Le désaccord entre la Fondation du Salon et Palexpo, toujours vif, ne va pas arranger les choses. La menace d’une disparition pure et simple du plus grand événement de Suisse n’est plus irréelle.