«Il n’est pas acceptable qu’en 2016, on veuille encore extraire ce type de ressources»
Alberto Mocchi, président des Verts vaudois
Le canton de Vaud pourrait-il un jour prendre l’allure d’un riche émirat pétrolier ou gazier? C’est en tout cas contre ce «cauchemar écologique» que de nombreux acteurs s’élèvent.
En cause, un projet de loi sur les ressources naturelles du sous-sol vaudois, mis en consultation par le Département du Territoire et de l’Environnement. Son principal péché? Ne fixer, à l’inverse de ce qu’à fait le canton de Genève, aucune interdiction de principe à l’extraction d’hydrocarbures dans le canton, laissant la porte ouverte à une éventuelle future exploitation de gisements de gaz de schiste, un gaz naturel que l’on peut extraire par une technique de fracturation hydraulique bien peu écologique. À la place, un simple moratoire, entérinant celui engagé depuis 2011, mais qui pourrait être levé, si la loi venait à être adoptée en l’état, très facilement par le Conseil d’État .
«Il n’est pas acceptable qu’en 2016, on veuille encore extraire ce type de ressources, s’insurge Alberto Mocchi, président des Verts vaudois. Le moratoire, tel qu’il est prévu, n’est rien d’autre qu’un chèque en blanc accordé au Conseil d’État qui pourra, en tout temps, décider de le lever et autoriser l’extraction».
«En Suisse, (...) les “pro” gaz de schiste ont un scénario subtil et des moyens, peut-on lire dans le livre “La passion du schiste”, récemment publié par le CETIM, le Centre Europe Tiers-Monde de Genève. Entre 2012 et 2014, une intense campagne d’information auprès de la population locale (ndlr: vaudoise) est orchestrée par l’entreprise (SEAG). Il s’agit de démontrer qu’on peut extraire le méthane avec une technique d’injection présentée comme l’alternative acceptable à la fracturation hydraulique. (...) Les autorités, à commencer par le Conseil d’État, sont sensibles à l’argument d’une exploitation “propre“».
Lobby de l’industrie?
Daniel Süri, porte-parole du Collectif «Gare aux forages» qui a mené de nombreuses actions de mobilisation, enfonce le clou: «Il y a clairement un lobby de l’industrie gazière qui cherche à tout prix à réaliser un projet de forage dans le canton, dénonce-t-il. Un forage exploratoire a été pratiqué sous le Léman à partir de Noville par la société Petrosvibri dirigée par un ancien notable radical et avec le soutien des Services industriels de Genève et des SiL. Le problème, c’est que le public ignore qu’il y a des projets réels et que nous ne sommes pas du tout dans une hypothèse d’école. La mobilisation doit donc encore s’intensifier».
Lancée par le collectif, une pétition demandant l’interdiction de tout forage, a pourtant récolté pas moins de 14’000 signatures. Plus qu’un succès d’estime, mais surtout l’indice d’une véritable inquiétude.
«La réponse à cette pétition sera fournie lorsque le projet de loi sera soumis par le Conseil d’État au Grand Conseil, explique la Conseillère d’État Jacqueline de Quattro en charge du dossier (lire l’interview ci-dessous). Nous en sommes au stade de l’avant-projet, qui évoluera en fonction des retours de la consultation publique.»
En fonction de l’issue de celle-ci, les opposants fourbissent leurs armes. En ligne de mire, une initiative cantonale, bien sûr. «Selon la tournure des consultations et la manière dont le Conseil d’État va se profiler, le lancement d’une initiative pourrait être envisagé, confirme Alberto Mocchi. Mais au vu des nombreuses oppositions qui s’expriment, j’espère que nous n’aurons pas à en arriver là».