Salon de l’auto: la fée électricité déploie ses ailes

• Le 87e Salon de l'Automobile de Genève aura lieu du 9 au 19 mars.

• Les nouveautés vont à nouveau faire briller les yeux des 700'000 visiteurs attendus.

• Quelles sont les tendances du marché? Le point avec François Launaz, président des importateurs suisses.

«Les constructeurs ont d’énormes recherches en cours, les technologies révolutionnaires vont apparaître dans les trois prochaines années.»

François Launaz

Le nombre de premières mondiales, européennes et suisses va attirer la foule au Salon international de l’Automobile de Genève. Voici pour le rêve. Mais qu’en est-il des sujets à la mode? Les réponses de François Launaz, président d’auto-suisse (qui regroupe les importateurs).

Lausanne Cités: Quelle est la tendance du marché?

L’année a bien commencé, elle se poursuit dans la lignée de l’automne dernier, très positif grâce à l’arrivée de nombreuses nouveautés. Nous devrions avoir plus de 300’000 voitures neuves vendues en 2017. La proportion de 4x4 pourrait pour la première fois atteindre voire dépasser les 50%. Concernant le salon, je pense qu’il marque une transition. Les constructeurs ont d’énormes recherches en cours, les technologies révolutionnaires vont apparaître dans les trois prochaines années.

Qu’en est-il du boom de la voiture électrique?

Il ne faut pas trop en attendre avant la fin de la décennie. De plus, à l’Office fédéral de l’environnement on laisse entendre que c’est «presque une arnaque sur le plan des nuisances». Si on calcule de la source à la route, en tenant compte de la production de courant, ces véhicules émettent presque autant de CO2 que ceux à essence. Tous les constructeurs font des recherches et vont commercialiser des modèles, c’est incontournable pour atteindre une moyenne d’émissions de 95g/km de CO2. Mais pour les importateurs, une proportion de 10% de voitures électriques en 2025 paraît réaliste, pas plus. Les clients achèteront seulement s’ils ont la certitude qu’il n’y aura pas de problème de recharge. Or, ce n’est pas gagné, il y a encore du pain sur la planche. Récemment, la femme d’un diplomate m’a raconté qu’elle rentrait du ski, son mari est venu la prendre avec ses enfants et l’équipement. Il avait calculé l’autonomie de sa voiture électrique, mais sans tenir compte des bagages et du froid. Résultat: ils ont dû s’arrêter à une borne de recharge, elle n’a pas apprécié du tout. Les moteurs à essence ou au diesel ont fait de grands progrès et ce n’est pas fini. Ils vont tous dans le sens d’une réduction des émissions.

L’autopartage va-t-il faire baisser les ventes?

Les constructeurs jouent le jeu et se sont investis. Il s’agit d’abord de comprendre le fonctionnement pour les usagers. Partir à la gare avec ma voiture, prendre le train, trouver une voiture à disposition là où je vais, c’est l’idée. Encore faut-il qu’elle fonctionne. En soi c’est une bonne chose que d’utiliser une auto à plusieurs. On craignait que cela diminue les ventes. Or elles vont rouler plus que les 13’500 km de moyenne annuelle de chaque Suisse, elles iront plus souvent faire un service et seront renouvelées plus fréquemment. Je ne crains pas d’effet négatif sur le marché.

Mais vous croyez moins à la mode covoiturage...

Simplement parce que le covoiturage est compliqué à organiser et à vivre, car on touche aux libertés individuelles et aux habitudes.

Quand l'électricité prend peu à peu le pouvoir

Peu de constructeurs misaient, il y a encore de cela quatre ans, sur la fée électricité, remisée sous son bocal des idées lumineuses mais trop délicates à concrétiser. Nissan, droit dans ses bottes, surfait timidement sur sa seule véritable solution grand public, la Leaf; BMW affichait une vitrine technologique, avec son i3, pratiquement inaccessible au commun des mortels, et Renault hésitait à poursuivre l’aventure Zoé, même si celle-ci n’avait à lutter contre aucune concurrence. Et ce n’est pas l’évolution des chiffres de ventes, plus qu’anecdotiques, qui aurait pu conforter dans leur choix stratégique ceux qui ont misé, envers et contre tout, sur l’électricité.

Mais paradoxalement, et contrairement à ce que laisse entendre François Launaz ci-dessus, à Genève, il sera possible de voir que cet alignement des étoiles en faveur de la fée électricité se traduit par un petit séisme. Renault montrera tout son savoir-faire avec la version évoluée de sa Zoé, dont l’autonomie est poussée à près de 400 km. BMW frappera fort avec son i5, sublime proposition de berline du futur. Fiat, qui n’a pas vraiment d’expérience dans le domaine, viendra sur les bords du lac Léman avec son concept Portal, dont la présentation intérieure est à couper le souffle et préfigure les salons roulants que seront les véhicules de demain. Ford, plus pragmatique, mise sur pas moins de sept véhicules entièrement ou partiellement électrifiés. Mercedes, Audi, Volkswagen, Volvo, Opel (avec son Ampera

nouvelle version qui affiche 400 km d’autonomie), ou encore Jaguar (i-Pace), aucun constructeur ne fait désormais l’impasse. La fée déploie ses ailes.