Suisse: quel avenir énergétique?

  • Ce dimanche 21 mai, le peuple suisse se prononce sur la révision de la loi sur l’énergie. Celle-ci accompagne la sortie du nucléaire, principe retenu par le gouvernement après la catastrophe de Fukushima.
  • Adoptée l’automne dernier par le Parlement, elle prévoit qu’aucune nouvelle centrale ne pourra être construite, mais n’oblige pas à débrancher les centrales atomiques existantes.
  • L’énergie de l’atome devra être progressivement remplacée par celle produite par le vent, le soleil, l’eau ou encore les déchets. Ménages et entreprises devront participer à l’effort en réduisant leur consommation d’énergie.
  • Cette loi a été attaquée en référendum par l’UDC et une minorité PLR/PDC pour qui cet objectif ne sera réalisable qu’au prix d’un effort inacceptable d’environ 200 milliards de francs.
  • La Conseillère nationale PLR Isabelle Moret (en faveur de la loi) et son homologue UDC Michaël Buffat (opposé à la loi) avancent leurs arguments.

  • ISABELLE MORET, CONSEILLÈRE NATIONALE PLR-VAUD ET MICHAËL BUFFAT, CONSEILLER NATIONAL UDC-VAUD

    ISABELLE MORET, CONSEILLÈRE NATIONALE PLR-VAUD ET MICHAËL BUFFAT, CONSEILLER NATIONAL UDC-VAUD

  •  MICHAËL BUFFAT, CONSEILLER NATIONAL UDC-VAUD

    MICHAËL BUFFAT, CONSEILLER NATIONAL UDC-VAUD

  • ISABELLE MORET, CONSEILLÈRE NATIONALE PLR-VAUD

    ISABELLE MORET, CONSEILLÈRE NATIONALE PLR-VAUD

«La facture va être bien plus élevée qu’annoncé!»
MICHAËL BUFFAT, CONSEILLER NATIONAL UDC-VAUD

Quels sont pour vous les arguments principaux qui militent en faveur du non?

Cette stratégie menace notre sécurité d’approvisionnement. La loi fixe des objectifs irréalistes. Au final, nous payerons plus cher. Les partisans de cette loi dénoncent une campagne mensongère qui multiplierait les informations toxiques. Par exemple, personne ne devra se doucher à l’eau froide si le oui passe comme vous l’affirmez, une pénurie d’électricité n’est pas à craindre… La pénurie va être une réalité en hiver quand ni le soleil ni le vent ne seront au rendez-vous et que nous ne pourrons pas importer assez. Un black-out de quelques heures a déjà des conséquences très importantes. Demandez aux responsables du réseau.

Autre argument rejeté: les ménages ne vont pas payer 3’200 francs de plus par année, mais 40…

Selon le message du Conseil fédéral, la transition coûtera 211 milliards. Qui paiera si ce n’est les particuliers et les petites entreprises? La facture totale va être beaucoup plus élevée que ce qui est annoncé par Doris Leuthard.

Faux aussi de prétendre que la Suisse va se couvrir d’éoliennes, celles-ci ne représentant qu’une petite part de la production d’électricité….

Le projet en prévoit au moins 700. Mais il est juste de dire qu’elles ne vont couvrir qu’une petite part de la production, et seulement quand le vent souffle. C’est bien là le problème.

Faux enfin l’argument qui avance que la dépendance face à l’étranger va augmenter, la Stratégie énergétique visant au contraire à diminuer celle- ci et à développer les énergies renouvelables indigènes...

C’est une utopie. Il est impossible de compenser la production des centrales nucléaires sans importer. Le Conseil fédéral a d’ailleurs admis que la construction de centrales à gaz était nécessaire pour couvrir les besoins, mais a enlevé ce point de son message pour faire passer la pilule.

Plus généralement, n’estimez-vous pas que vous faites fausse route et qu’il est temps de franchir le pas de la modernité énergétique et de tourner définitivement le dos à l’inefficience du XXe siècle?

Sans aucun doute, mais pas avec toutes les incertitudes que nous offre la loi sur l’énergie telle qu’elle nous est proposée. Voter NON est la bonne solution. Cela permet de prendre le temps de la réflexion pour définir la bonne stratégie en matière de sécurité de l’approvisionnement et de la défense de notre hydraulique.

 

«Refuser mettra en danger notre approvisionnement»
ISABELLE MORET, CONSEILLÈRE NATIONALE PLR-VAUD

Quels sont pour vous les arguments principaux qui militent en faveur du oui ?

Nos centrales nucléaires sont vétustes. Après l’accident nucléaire de Fukushima, il n’y a plus en Suisse de majorité pour construire une nouvelle centrale nucléaire. La stratégie énergétique 2050 permet de sortir progressivement de l’énergie nucléaire par un ensemble de mesures concrètes pour diminuer la consommation et augmenter les énergies renouvelables. Elle permet toutefois de continuer la recherche sur le nucléaire et en particulier sur le traitement des déchets nucléaires.

Les opposants estiment que cette loi est utopique parce qu’elle met en danger la sécurité de notre approvisionnement…

Au contraire. C’est un refus de la loi qui mettra la sécurité de notre approvisionnement en danger. Il faudra alors compenser la fermeture inévitable de nos vieilles centrales nucléaires, qui couvrent actuellement 30 à 40% de nos besoins, par de l’énergie nucléaire française ou produite par des centrales à charbon en Allemagne! Voter oui est donc l’alternative propre à une stratégie d’énergie sale!

Mais elle est ruineuse puisqu’elle entraînerait des coûts qui représenteraient une hausse annuelle de charges de 3’200 francs pour un ménage de 4 personnes…

Farfelu. Les opposants ont additionné des mesures issues de projets qui ne sont pas dans la loi. Le coût supplémentaire effectif pour un ménage sera de 40 francs.

Dans la foulée, disent les opposants, elle fait la part belle aux grandes entreprises «énergivores» qui seraient exemptes de taxes, alors que les PME, elles, verraient leurs charges augmenter.

Faux. Le relèvement du supplément réseau ne sera pas une charge insurmontable pour notre économie, dans la mesure où les coûts de l’électricité sont marginaux pour la plupart des entreprises. En revanche, celles qui seraient davantage touchées par cette mesure pourront bénéficier d’une exemption à condition qu’elles s’engagent auprès de la Confédération à optimiser leur efficacité énergétique.

Elle serait enfin dangereuse parce qu’avec l’installation de centaines d’éoliennes, cette loi va détruire nos paysages…

Le fait que plusieurs organisations de protection de la nature et du patrimoine soutiennent la stratégie énergétique confirme que ce n’est pas le cas. En outre, il ne sera plus possible de construire des installations de production énergétique dans les biotopes d’importance nationale.