Dan Ratushny: « Il y a de la beauté dans la simplicité»

  • Dan Ratushny: « Il y a de la beauté dans la simplicité»

    Dan Ratushny: « Il y a de la beauté dans la simplicité»

HOCKEY SUR GLACE • En moins de 24 heures, le week-end dernier, le LHC s’est débarrassé avec brio de Genève-Servette et a conforté ainsi sa place de 4ème du championnat de LNA. Ce qui lui permet d’ores et déjà de préparer les play-off en toute quiètude. Entraîneur des Lions, Dan Ratushny revient sur le parcours exceptionnel des joueurs lausannois depuis le début de la saison 2016-2017.

Lausanne Cités: Que vous inspire le classement actuel de votre équipe?

Dan Ratushny: On n’accorde pas beaucoup d’intérêt au classement. Où est-ce qu’on est fort et où est-ce qu’on est faible, voilà où se situe notre priorité. Quotidiennement, nous travaillons fort pour améliorer notre jeu, sa perception, pour trouver le meilleur équilibre possible.

Vous préférez le mot «identité» à «système de jeu»…

Il faut avoir une structure de base simple, qui évite de trop penser ou réfléchir dans un sport où tout va très vite. Il y a d’abord le fore-checking qui consiste à aller chercher la rondelle, puis il y a le jeu avec elle, comment la garder, enfin les matches se décidant devant les deux cages, il faut avoir beaucoup d’efficacité et une grande détermination dans ces deux zones, la défensive et l’offensive. Quand on a le puck, il faut se développer le plus rapidement possible. Celui qui est en sa possession doit avoir plusieurs solutions de passe; l’idéal c’est qu’il patine vite quand il le reçoit, ce qui a pour effet de troubler l’adversaire, de créer un déséquilibre chez lui.

Ces mouvements s’apprennent, mais ils impliquent aussi une intelligence de jeu?

Attaquer et défendre, tous ensemble, oui. Le fore-checking requiert une organisation, des structures encore une fois simples avec comme gros défi de les utiliser avec de bonnes habitudes offensives et défensives. Pourquoi veut-on la rondelle? Pourquoi veut-on la garder? Quand on attaque, l’exécution doit se faire avec les 5 joueurs ensemble. Avec la répétition, on devient plus fort et son intégration a pour obligation de devenir naturelle.

Êtes-vous plutôt conciliant ou intransigeant?

Je suis les deux. Quand quelque chose ne va pas, je le leur dis. Après un match, je regarde la vidéo et je parle aux joueurs de ce qui était bien ou pas bien un ou deux jours après. Il faut être objectif. À la bande, on a des perceptions qui ne sont pas à 100% correctes. Sous le coup des émotions, il faut savoir se maîtriser, ne pas dire n’importe quoi qui pourrait blesser. Le général à l’armée, ce n’est pas pour moi, ce n’est pas moi. Il faut avoir une direction claire, on évolue, on apprend ensemble. Ça crée une culture créative et effective.

Ne pas parler pour parler, en quelques sortes…

Le fait de beaucoup parler fatigue les joueurs. Ma voix, ils l’entendent chaque jour. Je suis aussi avocat. Quand j’étudiais le droit, j’avais dû ressortir l’essentiel, un chapitre, le cœur, deux ou trois principes d’un bouquin de 90 pages. Avec les joueurs, il faut être concis et simplifier ce qu’on veut leur dire. Ils apprécient. J’ai été inspiré par le concept de la simplicité. On s’en est inspiré. Il y a de la beauté dans la simplicité.

Quels sont vos critères de sélection pour recruter un joueur?

Je mets en avant trois choses: il faut qu’il soit travailleur, ce doit être un compétiteur, avec un fort mental de passionné.

Au niveau des joueurs étrangers, êtes-vous plus joueurs nordiques (suédois, finlandais, par exemple) que canadiens ou américains dont les égos, dit-on, sont plus prononcés?

J’évite les généralités. Je connais des Européens qui ont aussi un égo. Mais les joueurs nordiques, c’est vrai, et c’est tout à leur crédit, connaissent un succès formidable. Leur état d’esprit est bon et ils ont reçu une belle éducation de la personne. C’est sans doute culturel.

En cours de saison, vous est-il déjà arrivé de changer des choses, touchant à l’organisation de votre équipe, par exemple?

Non, jamais, mais peut-être que ça m’arrivera un jour. Au milieu d’une saison, il est difficile d’opérer un changement, c’est risqué.

Quelle faute pardonnez-vous le moins à vos joueurs?

Le hockey sur glace est un jeu de fautes. Le 90% des fautes n’est jamais volontaire, elles découlent de mauvaises réactions car le jeu va très vite. Je ne pardonne pas le joueur qui ne travaille pas, qui met en péril nos valeurs de base, qui n’a pas envie de défendre pour l’équipe. Ça, ça m’affecte.

Dans ce championnat où tout le monde peut battre tout le monde, le LHC peut-il être champion?

Présentement, la réflexion est: comment peut-on faire pour se glisser dans le trio de tête (Berne, Zurich, Zoug) et évoluer? Il faut qu’on soit encore plus constant, qu’on soigne notre efficacité, qu’on l’établisse, qu’on l’affirme devant le but adverse. On prend étape par étape. Pour répondre à votre question, on ne parle pas, bien sûr, du titre mais on se dit, tous, qu’on peut faire quelque chose de spécial en play-off.