Le «Lausanne», un beau bébé né au Japon

COMMERCE • Derniers fleurons de la marine suisse de haute mer, qui a atteint pour la première fois de son histoire les 50 cargos, le «Lausanne» et le «St-Cergue» viennent d’être lancés au Japon par Suisse-Atlantique.

  •  Le "Lausanne", 60'000 tonnes, est le dernier fleuron de la marine suisse. DR

    Le "Lausanne", 60'000 tonnes, est le dernier fleuron de la marine suisse. DR

Avec un équipage à 100% ukrainien et un pavillon suisse flottant fièrement à la poupe, le flambant neuf «Lausanne» a quitté le Japon vendredi dernier. Destination? Le port de Prince Rupert, au nord de Vancouver (Canada). Il y chargera une cargaison de blé destiné au Bangladesh.

Ce volumineux «camion des mers» est flambant neuf. Il a été commandé au chantier naval de JMU (Japan Marine United), à Kure, par la famille André, à travers la société Suisse-Atlantique basée à Renens (VD) qui gérera le navire. «Les essais techniques sont terminés et le bateau peut commencer son travail. Ils confirment la qualité de fabrication japonaise, constate Jean-Noël André, le vice-président de Suisse-Atlantique qui reprendra la barre des mains de son père Eric André début juillet prochain. Ancien pilote de Crossair et d’Easyjet, il représente la troisième génération de la famille de marchands de grains originaire de St-Cergue, au pied du Jura vaudois.

L’équivalent de 1500 camions de 40 tonnes

«St-Cergue» est précisément le nom du «sister-ship» du «Lausanne», un cargo similaire qui a été construit au même chantier naval et lancé à la fin de l’an dernier par la même société. Avec une cargaison en vrac de céréales, de charbon ou de minerais, ces cargos peuvent transporter 60’000 t de marchandise, l’équivalent de 1’500 wagons ou de 1’500 camions de 40 tonnes chacun!

Moins de 10 dl au 100!

À la vitesse d’environ 26 km/h, qui correspond à un parcours de 624 km par jour, la consommation est de 28 tonnes de carburant par jour à pleine charge. Cela paraît beaucoup, mais cela correspond à moins de 10 dl de carburant par tonne transportée sur 100 km: « À titre comparatif, un Airbus A-319 à deux réacteurs consomme 74 fois plus de carburant par kilomètre parcouru que le «Lausanne», précise l’ancien commandant de bord.

La taille de ces navires n’est pas due au hasard: avec une longueur de 200 mètres et une largeur de 32,2 mètres pour un tirant d’eau inférieur à 13 mètres, elle permet de traverser les anciennes écluses du Canal de Panama et d’entrer dans un très grand nombre de ports du monde entier.

À chaque cérémonie de lancement d’un cargo, l’armateur et le chantier naval procèdent à une cérémonie de baptême. La marraine du «Lausanne» est Dominique André, l’aînée de la troisième génération de la famille, qui a elle-même travaillé dans le shipping.

Dans l’histoire de la marine suisse qui a débuté il y a 75 ans, d’autres cargos baptisés «Lausanne» ont sillonné les océans. Le dernier en date était un porte-conteneurs géré aussi par Suisse-Atlantique et revendu depuis lors.