Le marché de Lausanne est-il en train de mourir?

COMMERCE LOCAL • Le marché du centre-ville aurait le blues: les stands qui les composent seraient toujours moins nombreux. Une conseillère communale s’en émeut. Elle vient de déposer un postulat qui demande que leur attractivité soit relancée.

  • Le mercredi, les étals du marché de Lausanne se font rares. KOTTELAT

    Le mercredi, les étals du marché de Lausanne se font rares. KOTTELAT

Les marchés du centre-ville de Lausanne sont-ils peu à peu en train de mourir? A cette question, la conseillère communale socialiste Anne-Françoise Decollogny repond «non» sans ambiguité. Mais ce pourrait être le cas à terme si rien n’est fait, car ils souffrent et s’amenuisent: «Ces dernières années, on observe une lente mais certaine érosion de ceux-ci», estime-t-elle. «On remarque que les stands sont de moins en moins nombreux, plus encore le mercredi que le samedi. Et, comme ils restent à leur place désignée, on a peu à peu un sentiment d’abandon peu propice à la fièvre acheteuse» .

Un cercle vicieux

Elle constate ainsi que sur la rue de Bourg, il n’en reste aujourd’hui que quelques-uns, «dispersés comme autant d’îlots un peu perdus au milieu des pavés.» Situation identique à ses yeux en ce qui concerne la rue Saint-François où ils ont pratiquement tous disparus, seules la rue du Pont, la place de la Palud, la rue Saint-Laurent ou encore la rue de l’Ale tirent mieux leur épingle du jeu.

A qui la faute? «Les changements des modes de vie, en particulier le fait que la plupart des femmes travaillent, ont fait diminuer fortement l’attractivité du marché du mercredi et, par conséquent, a fait diminuer le nombre de stands. Un cercle vicieux, estime Anne Decollogny: «Si moins de gens viennent s’approvisionner au marché, moins nombreux sont les stands. Moins nombreux sont les stands, moins on a envie d’aller au marché. Et qui dit marché, dit apéro au bistrot du coin, achats divers dans les boutiques du centre-ville. C’est par conséquent toute la vie commerciale qui en pâtit.» D’où sa demande d’une réflexion visant à sa réorganisation afin de prévenir la diminution de sa fréquentation et les effets néfastes que cela pourrait avoir sur l’économie locale.

Constat partagé, mais...

«Je ne partage que partiellement ce constat», lui répond indirectement la City manager Helena Druey. «Oui, dans certains quartiers de la ville, notamment du côté de la rue de Bourg et de Saint-François, il y a moins de stands, mais ce phénomène est plus lié au quartier lui-même et son environnement qu’à un désintérêt des Lausannois pour les marchés.» Helena Druey admet également que les habitudes de vie ont changé et, par conséquent, modifié certaines pratiques. «Le mercredi, il y a moins de monde que par le passé, mais le samedi, même si les gens viennent faire leurs courses plus tard, l’engouement pour le marché et ses produits demeure intact.»

Pour le reste, la City manager estime que des variables telles que la météo, par exemple, peuvent aussi avoir une incidence sur la fréquentation des marchés. Et de lancer cette mise en garde: «Pour tenter de redonner un peu d’attractivité à leur marché durant la semaine, des villes comme Zürich ont essayé de différer leurs heures d’ouverture en les décalant en fin d’après-midi. Résultat: des gens qui viennent en nombre, pour boire l’apéro, mais qui n’achètent rien!»