Le Pestacle boit la tasse

SPECTACLE • La BD de Titeuf montée en spectacle cumule les bonnes critiques et l’enthousiasme des pros de la culture, comme celle de Zep. Mais les spectateurs lausannois ne suivent pas. Le gouffre financier menace.

  • Le spectacle enthousiasme les pros, mais le public ne suit pas.  JOSEPH CARLUCCI

    Le spectacle enthousiasme les pros, mais le public ne suit pas. JOSEPH CARLUCCI

«Bien sûr, pour moi qui panique dès que j’ai une semaine de retard dans les paiements, c’est une véritable angoisse de s’endetter à un tel point, mais le plus frustrant est que les Lausannois n’aient pas pu profiter de ce spectacle que tout le monde adore», explique Karim Slama, la voix vacillante et le visage soucieux.

Le fameux humoriste lausannois présente un grand spectacle rendant hommage à Zep, depuis le 31 août au Casino de Montbenon. Avec un budget de plus d’un million et plus d’une centaine de milliers de francs de promotion, le show devait rassembler des centaines de spectateurs chaque soir à Lausanne avant de partir en tournée romande. D’ailleurs, les premières réactions du public étaient si positives que toute l’équipe de comédiens, Karim en tête, s’attendaient à remplir largement la salle de Montbenon. Malheureusement – est-ce dû à une météo trop clémente? – les sièges ne se sont même pas remplis à moitié. Il reste certes quelques dates jusqu’au 25 septembre, mais la production arrive au bord du gouffre financier. Dommage, car ce spectacle a réellement de quoi enthousiasmer les adultes et les familles.

Du rêve au cauchemar

Aujourd’hui, la situation est devenue si préoccupante qu’il sera difficile d’assurer les revenus de tous les comédiens et celui de Karim Slama, qui travaille pourtant depuis plusieurs années sur ce projet. Pire, l’artiste et père de famille qui vient de fêter ses 40 ans devra s’endetter au moins à hauteur de 100’000 francs. La pilule est d’autant plus difficile à avaler que les objectifs n’étaient pas si ambitieux. « Il suffisait de 60% de remplissage pour que nous puissions nous en sortir. C’est absurde que l’on n’y soit pas parvenu. Je me demande parfois si c’est parce qu’il s’agit d’une production helvétique. Il y a ce drôle de réflexe de penser que si cela vient de chez nous, ça ne doit pas être si incroyable», s’étonne Karim.

Au secours

Le spectacle ayant déjà bénéficié d’une aide de la Municipalité et du Canton, il est peu probable que ces organes puissent lui venir en aide aujourd’hui. Diverses promotions ont donc été mises en place et le bouche-à-oreille commence à fonctionner pour remplir la salle durant les dernières dates. «J’ai fait ce spectacle pour Lausanne, ma ville, et je voulais prouver à tout le monde que l’on pouvait faire du populaire de qualité sans tomber dans la facilité de produire un show low-cost sur le dos d’une marque rassembleuse», conclut Karim.