L’Église Saint-Laurent menacée de fermeture?

POLÉMIQUE • Une menace de fermeture plane sur Saint-François Église. En cause, l’affaire du pasteur Daniel Fatzer qui continue de déranger le Conseil Synodal de l’Église évangélique réformée vaudoise. Info ou intox?

  • Pasteur Daniel Fatzer

    Pasteur Daniel Fatzer

Derrière une apparente bonhommie et un sourire de circonstance, on sent le pasteur Daniel Fatzer un peu las. Fatigué par le combat qu’il mène depuis le mois de juin dernier contre son ex-employeur, l’Église évangélique réformée vaudoise (EERV), qui l’a licencié avec effet immédiat pour avoir osé demander publiquement, sur la chaîne de radio Espace 2, la réintégration collective et sans condition de six pasteurs remerciés eux aussi ces dernières années par la même instance.

Le combat continue

«Tout va mal, mais je vais bien...» Daniel Fatzer est fatigué, mais il demeure plus combatif que jamais: 23 jours de grève de la faim entamée le 15 juin dernier et arrêtée le 8 juillet, 10 kilos perdus dans l’aventure, et une médiation qui a entre temps échoué n’ont pas eu raison de sa volonté de dénoncer «la brutalité des méthodes managériales» de l’EERV.

«Nous vivons une dérive autoritaire. Le Conseil Synodal se sert de l’argument financier, soit les salaires qu’on nous verse, pour mettre des collègues sous pression. On licencie pour des broutilles, des chamailles. Ce n’est pas acceptable!» Officiellement licencié sans solde, Daniel Fatzer n’a pas obtenu sa réintégration sans condition comme il le souhaitait. Il n’en continue pas moins d’exercer son ministère à Saint-Laurent Église. Au grand dam du Conseil Synodal. Tant est si bien que son président, Xavier Paillard, laisserait entendre dans les couloirs de l’EERV qu’il va fermer l’église s’il ne parvient pas à en «éliminer» le pasteur Fatzer.

Une réelle menace?

«Ces gens sont indignes de leur fonction. Ils réagissent comme si l’Église protestante était une classe d’école qu’il convient de mettre à l’ordre» tonne ce dernier. «Or nous sommes une Église plurielle où certaines divergences doivent pouvoir s’exprimer. Alors que nous allons bientôt fêter les 500 ans de la Réforme, c’est bien triste d’en arriver là.»

La menace de fermeture est-elle bien réelle? «Il n’y a aucune menace, mais des exigences, note pour sa part Xavier Paillard. Daniel Fatzer a le droit d’être présent à Saint-Laurent Église comme paroissien, mais pas pour y assurer des tâches liturgiques et pastorales; c’est une réserve exigée de tout ministre quittant un poste. Saint-Laurent Église est un lieu qui est placé sous la responsabilité d’un conseil qui doit faire respecter cela.»

Reste que le Mouvement des Citoyens Saint-Laurent Église, né dans la foulée des événements qui secouent l’EERV, ont clairement appelé à une réintégration du pasteur Fatzer et demande une autre façon de gouverner l’Église protestante. Seront-ils, à l’instar de nombreux autres fidèles, entendus? Rien n’est moins sûr. Même si plusieurs procès pointent à l’horizon et que l’EERV, dans son bulletin Flash du mois de septembre, annonce que le Conseil Synodal et le pasteur Martin Hoegger, autre cas en suspens, ont signé une convention qui est l’aboutissement d’un long processus de conciliation. «Après avoir réévalué la situation, le Conseil Synodal reconnaît que le licenciement de Martin Hoegger était regrettable. Il est conscient des blessures que cette décision lui a occasionnées ainsi qu’à l’Église, et s’en excuse.» Un premier pas vers une réconciliation globale? «Contrairement à Daniel Fatzer, qui a failli aux règles de déontologie et de partenariat, le pasteur Martin Hoegger a laissé la porte ouverte à la médiation et n’a pas médiatisé son cas», commente Xavier Paillard. Autant dire que l’affaire Fatzer-EERV est loin d’être réglée.