«Le jumelage, c’est construire des ponts entre les peuples»

MORGES • Maire de Vertou, petite cité tout près de Nantes en France, Rodolphe Amailland est en visite en Suisse à l’occasion des 60 ans de jumelage de sa ville avec Morges. Rencontre avec un élu qui a connu Morges alors qu’il était enfant...

  •  Rodolphe Amailland, maire de Vertou. CA

    Rodolphe Amailland, maire de Vertou. CA

  • Blason de Vertou

    Blason de Vertou

  • Blason de Morges

    Blason de Morges

Est-ce la première fois que vous découvrez Morges?

Non pas du tout. J’y suis venu la première fois en 1982, j’étais enfant. C’était d’ailleurs très symbolique car c’était pour les 25 ans du jumelage des deux villes, et mon père participait à la première Vertou-Morges en vélo. Avec ma sœur, nous étions derrière, dans la caravane qui suivait… Adulte, j’y suis ensuite revenu plusieurs fois, en 2011 en tant qu’élu départemental, puis suite à mon élection comme maire de Vertou et enfin au moment de l’inauguration de l’Hôtel de Ville de Morges.

Difficile d’avoir un regard neuf dans ce cas. Y a-t-il quelque chose qui continue à vous suprendre?

Bien sûr. Cette recherche du compromis, cette capacité à trouver des terrains d’entente quitte a faire des concessions et au nom de l’intérêt général est toujours surprenante pour nous pour lesquels le postulat de départ est d’abord de s’opposer, avant de discuter.

Cela a-t-il changé quelque chose dans votre manière de gérer votre ville?

Oui quand même, cela a nourri mon envie d’être maire d’une autre manière, en ouvrant des droits à l’opposition, en leur donnant une adresse mail au nom de la mairie… En 2017, on ne fait plus de politique comme avant, les gens attendent autre chose…

Quels rapports entretenez-vous avec le Syndic de Morges?

Nous ne sommes pas du même bord politique, lui est à gauche et moi à droite, alors que c’était l’inverse en 1957! Mais nous sommes de la même génération et on s’entend très bien. Il y a une vraie complicité entre nous, on se taquine volontiers et on s’appelle dans les moments importants de la vie de nos villes ou de nos pays. D’ailleurs, je lui ai annoncé ma candidature à la mairie de Vertou avant même que la presse n’en soit informée…

Il y a 60 ans, Vertou et Morges étaient des villes très comparables. Est-ce toujours le cas?

Oui tout à fait. Morges aussi bien que Vertou ont beaucoup grandi, les deux villes agissent pour l’aménagement du territoire autour de leur gares respectives, les deux villes oscillent toujours entre ville et vigne avec un rapport à l’eau très fort. Ainsi, Morges se tourne de plus en plus vers le lac et Vertou a engagé une grande concertation sur ce que l’on va faire autour de la Sèvre.

Êtes-vous jumelés à d’autres cités?

Non, mais nous sommes en train d’engager un partenariat avec une petite ville tchèque, tout près de Prague.

Les partenariats et autres jumelages ont-ils encore une importance, en 2017?

Plus que jamais! Le principe du jumelage c’est d’apprendre à se connaître, de construire des ponts entre les gens. C’était l’objectif en 1957. À l’époque, la Suisse c’était un peu exotique, c’était les Etrangers, et la notion de patrie était très importante des deux côtés. Quand je vois la manière dont nos deux populations vivent aujourd’hui ce jumelage, je me rends bien compte à quel point cela contribue à éloigner le spectre de la guerre. Et cela est plus que jamais d’actualité à un moment où la France est la cible du terrorisme.

L’Europe est en crise, en particulier sur le plan institutionnel. La Suisse avec son fédéralisme peut-elle vous inspirer?

La Suisse est un petit pays avec une culture ancestrale du fédéralisme. Ce n’est pas facile à extrapoler, surtout pour nous Français avec notre culture jacobine de combat, hégémonique et centralisée. Mais clairement, il y a des idées à prendre sur la manière dont fonctionne la Suisse. Maintenant, je pense que l’Europe ne se fera que si chacun y trouve son compte. La Suisse est européenne, si un jour elle fait le choix de rejoindre l’Union, elle sera la bienvenue.

 

Après 60 ans de jumelage avec Morges, quelle impulsion entendez-vous donner à ce «mariage d’exception»?

Dès 2014, au moment où Vincent Jaques est venu en visite à Vertou, nous avons souhaité faire durer ce jumelage qui date d’une époque où nous n’étions même pas nés. Alors sur le socle fort d’amitiés et de valeurs que nous partageons, nous avons souhaité élargir notre partenariat en direction d’une troisième entité. Nous sommes venus en aide à une ville du Burkina Faso, sur proposition de Vertou, et maintenant, depuis 2016, nous soutenons, sur proposition de Morges, une ville du Mali, sous forme d’aide à la construction d’infrastructures.

Vertou, miroir atlantique de Morges

Vertou est une petite ville de Loire-Atlantique, dans l’ouest de la France, non loin de Nantes.Elle compte aujourd’hui 23’000 habitants - les Vertaviens - et accueille de nombreuses entreprises sur son territoire avec un tissu économique fondé anciennement sur l’industrie et de plus en plus sur les services. Depuis le 25 août 1957, la ville est jumelée avec Morges. À l’époque, de nombreuses similitudes entre les deux villes justifiaient un tel rapprochement, inédit dans ces années-là: tailles similaires, même nombre d’habitants, présence d’une grande ville à proximité (Lausanne et Nantes), âme viticole, un tropisme aquatique et un tissu industriel non négligeable.