Michael Kinzer

Chaque semaine un invité dégaine son six coups face à Thomas Lecuyer pour nous parler de son Lausanne

  • MIchael Kinzer

Michael Kinzer arpente le terrain culturel romand avec ardeur depuis de nombreuses années. Après être passé par Fri-Son, par Expo 02, par le Théâtre Populaire Romand, entre autres, il dirigera le Festival de la Cité de 2008 à 2015 avant d’être nommé au poste de chef du Service de la Culture de la Ville de Lausanne le 1er janvier dernier. Homme de terrain, donc habité d’un vif sens du défi et de la curiosité, sa nomination a été accueillie avec enthousiasme par les acteurs culturels locaux. Enthousiasme qui cache de nombreuses attentes qu’il faudra conjuguer avec les grands axes d’une politique culturelle qui s’annonce d’ores et déjà ambitieuse.

COUP DE GUEULE
La spéculation immobilière et les loyers trop élevés gênent l’expansion équilibrée de la ville. C’est un frein au développement des petits commerces et des artisans locaux, à la mixité du tissu commercial et à l’expansion de l’industrie créative locale, soit l’économie de demain. Bien sûr les grandes enseignes ont leur place dans la ville, mais il faudrait idéalement multiplier les espaces propices à l’expression des initiatives et des dynamismes locaux. La Ville de Lausanne d’ailleurs stimule cela.

COUP DE BOULE
L’abandon de certaines enseignes traditionnelles met à mal l’âme de la ville. J’aurais par exemple aimé que les CFF préservent le Buffet de la Gare, plutôt que de céder aux sirènes de la modernité rentable. Je ne suis pas passéiste, mais certains emblèmes intemporels méritent qu’on s’engage pour leur conservation, pour ne pas courir vers une uniformisation sans caractère du cœur de la ville.

COUP DE POUCE
Evidemment le projet Plateforme 10, qui va regrouper le musée de l’Elysée, celui des Beaux-Arts et le MUDAC, et qui est le projet culturel majeur de cette prochaine décennie. Au-delà de l’enjeu culturel, c’est un projet phare sur le plan de l’urbanisme qui va dessiner un nouveau pôle d’attractivité autour de la gare, permettant aux visiteurs de passage comme aux Lausannois de s’approprier un nouvel espace urbain.  

COUP DE FOUDRE
François Landolt, de la Fondation de famille Sandoz, qui est un des piliers majeurs du développement culturel de Lausanne. François est l’esprit artistique de la famille. Le soutien indéfectible de la Fondation permet à la cité d’offrir cette richesse culturelle, héritage de la grande tradition mécénique bâloise. Dans certaines villes emblématiques comme Bâle, c’est moins le cas ici. Il ne faut jamais oublier que si la Ville et le Canton font beaucoup pour la culture, le soutien de ces mécènes représente un cadeau inestimable offert aux collectivités et à la population.

COUP DE CŒUR
Le Quartier de la Cité. Je me suis rendu compte de l’émotion que peut procurer ce quartier qu’après l’avoir quitté professionnellement. Les parfums, le bruit, la lumière, sa vie, le château, les ruelles, tout ici est unique. J’aime aussi sa discrétion et son côté secret qui éveillent la curiosité et invitent à l’exploration. En tant qu’ancien directeur du Festival de la Cité, c’est une partie de la ville qui me tient particulièrement à cœur.

COUP DE CHAPEAU
Au risque de ne pas surprendre, coup de chapeau à la richesse culturelle de la ville. Lausanne est  parfois associée à ce mythe de la belle paysanne endormie. C’est un faux tableau. Lausanne est une ville urbaine et dynamique, avec ses institutions comme le Ballet Béjart, l’OCL ou le Théâtre de Vidy. Elle est aussi un terreau fertile et un terrain d’expression pour la vie culturelle de demain, notamment par ses nombreuses écoles d’art comme la Manufacture, l’ HEMU, l’EJMA, ou l’ECAL. Il y a ici un vrai foisonnement.