Au Pré-du-Marché, les WC publics manquent cruellement aux usagers

ESPACES PUBLICS • Fermées en 2018 en raison de leur occupation permanente par des toxicomanes, les toilettes de la rue Pré-du-Marché manquent au public. Durant la belle saison, de nombreuses familles squattent les restaurants aux alentours pour soulager la vessie de leurs bambins.

  • Réaménagée et piétonnisée en espace convivial, la rue Pré-du-Marché est victime de son succès. En médaillon, les toilettes fermées en 2018. SANTISO

    Réaménagée et piétonnisée en espace convivial, la rue Pré-du-Marché est victime de son succès. En médaillon, les toilettes fermées en 2018. SANTISO

Ouvertes, elles posaient un problème. Fermées, elles posent un problème. C’est dire si la problématique est a priori décourageante et insoluble. Car c’est bien connu, en dépit de tous les efforts des autorités, de la mise en place d’un Espace de consommation sécurisé au Vallon, les toxicomanes ont fait de la Riponne et des alentours, leur zone de vie au quotidien. Non sans nuisances pour les commerçants et les habitants du quartier. Il en était ainsi des toilettes publiques situées à la Rue Pré-du-Marché, devenues, selon une habitante «un véritable local d’injection clandestin».

Fermés à la demande du voisinage

En 2018, la Municipalité a donc pris la décision de fermer ces WC «à la demande de plusieurs habitants et commerçants ». La nature ayant horreur du vide, le problème d’occupation par les toxicomanes étant réglé par forfait, les habitants se retrouvent confrontés à un souci de… latrines. Et pour cause: dans l’intervalle, l’ensemble du périmètre a été piétonnisé en 2021 jusqu’au carrefour avec la rue Saint-Roch et sur l’entier de la rue du Clos-de-Bulle, laissant place à un nouveau sol pavé, animé de placettes, de végétation, de mobilier urbain et de terrasses étendues. Agrandie dans le cadre des travaux, la placette du quartier devenue Aloïse-Corbaz, en l’honneur d’une artiste lausannoise, abrite en outre toboggans et jeux pour les plus petits, avec non loin de là, un jeu d’eau qui s’active lorsque les températures l’autorisent.

Autant dire que lorsque les beaux jours reviennent, le lieu est pris d’assaut par le public heureux d’en apprécier les aménagements conviviaux. Avec une conséquence inattendue: les restaurants et cafés aux alentours sont pris d’assaut par de nombreux usagers pressés de soulager leur vessie.

«Nous sommes devenus les toilettes publiques du quartier et le samedi il y a même souvent une longue file de personnes qui attendent pour utiliser nos toilettes déplore un commerçant de la place. Je suis moi-même père de famille et je ne dirai jamais non, mais notre rôle n’est pas de nous substituer aux WC publics».

WC réaffectés à la voirie

Et d’ajouter: «A plusieurs reprises nous avons demandé à la Municipalité de rouvrir les toilettes publiques qui ont été fermées et de les doter d’une clé ou d’un code que, nous commerçants, mettrions volontiers à la disposition du public.» Une option en forme de compromis séduisant, mais qui n’est hélas plus d’actualité. «Cette proposition n’est pas réalisable, explique Stéphane Beaudinot, chef du service de la propreté urbaine à la Ville. Les installations sanitaires ont été entièrement démantelées et les locaux sont utilisés comme site de gestion de ramassage de déchets de voiries. A l’époque, l’argument des habitants du quartier était que vu la proximité de leur domicile, ils pouvaient retourner chez eux dans la plupart des situations. Pour les autres usagers, ils peuvent utiliser les autres WC publics de la Ville, pour la plupart rénovés récemment».