"Babylon", un souffle épique et flamboyant

Après avoir exploré le destin hors-norme de l’astronaute Neil Armstrong avec «First Man» et ressuscité la comédie musicale avec l'inoubliable «La La Land», Damien Chazelle nous plonge dans la folie du Hollywood des années 20 avec ce film choral enivrant qui n’hésite pas à user de quelques excès.

Mais ne fallait-il pas au moins tout cela, c'est-à-dire trois heures de film, une pluie de stars (notamment Margot Robbie, Brad Pitt et Tobey Maguire), des décors faramineux, des figurants en nombre, des intrigues qui se croisent et s’entrecroisent, pour parler de cet âge d’or et du sombre revers de sa médaille? L’art du cinéma se mue petit à petit en industrie, les premières superstars éclosent, les dollars coulent à flots, et tout est permis. La folie créatrice n’a pas plus de limite que celle des fêtes, du pouvoir, et de la jalousie. On se demande parfois si «Babylon» n’est pas une extraordinaire mise en abyme qui use, pour sa création, de tous les artifices qu’elle met en scène pour sa reconstitution. Si le film souffre de quelques longueurs, son souffle épique et flamboyant nous emporte et nous charme, pour peu qu’on aime le cinéma, le vintage et les contes de fées qui, comme chacun sait, sont souvent cruels. Le cinéma de Chazelle, éminemment musical, nous emporte dans une symphonie hollywoodienne tournée en Cinemascope, au son de la musique du génial compositeur Justin Hurwitz, à qui l’on doit justement les musiques de «La La Land».