Beaulieu, un vrai problème de gouvernance

BEAULIEU • Le directeur général de Beaulieu SA Michel Loris-Melikoff tire la prise. Cinq mois après avoir été engagé, il annonce son départ. Comme un air de déjà-vu.

  • Beaulieu Lausanne, une lourde histoire ponctuée de coups de théâtre. DR

    Beaulieu Lausanne, une lourde histoire ponctuée de coups de théâtre. DR

C’est une histoire sans fin. Qui a connu un nouvel épisode vendredi dernier par le biais d’un communiqué signé Donato Mottini, président de Beaulieu SA: cinq mois après son engagement, le directeur du site, Michel Loris-Melikoff, annonce son départ.

En avril prochain, il va quitter le navire en raison de divergences avec son Conseil d’administration. En juin dernier, sa nomination avait pourtant été présentée par ce même Conseil comme «un atout afin de mettre en œuvre et concrétiser la nouvelle ambition pour Beaulieu».

Que s’est-il donc passé? En lisant les explications du président Mottini dans les colonnes de 24 heures, on tombe des nues: «Nous n’avons pas été convaincus par ses propositions», explique-t-il (…) En l’occurrence, nous nous sommes tous trompés, le directeur comme nous. La vie continue.» Qu’il y ait des divergences de vues à terme entre un directeur et son Conseil d’administration, c’est monnaie courante. Mais pas cinq mois après avoir été engagé, car en principe, quand on engage un responsable, c’est parce qu’on a, sinon la certitude qu’il sera à la hauteur de sa tâche, du moins la conviction qu’il partage à ce moment-là la même vision du futur que ceux qui l’ont choisi.

Mais peu importe, si ce n’est que, dans le cas présent, il s’agit de Beaulieu qui traîne une lourde histoire, avec de nombreux coups de théâtre de la même veine, qui ont suscité de nombreuses interventions au niveau politique.

Instabilité chronique

Un seul exemple: en 2013 déjà, le conseiller communal PLR Gilles Meystre déposait une interpellation relevant notamment qu’on assistait à «une vague ininterrompue d’arrivées et de départs au sein de sa direction comme à la tête des différents salons» soulignant ainsi son «instabilité chronique». Beaulieu était alors géré par le groupe bâlois MCH.

En 2018, ce même groupe abandonnait l'exploitation unique du site. Après l’épisode de l’affaire Porchet, qui n’est pas encore terminée et pourrait réserver bien des surprises, et alors que le Grand Conseil vaudois rejetait la mise sur pied d’une commission d’enquête parlementaire sur la débâcle de la Fondation de Beaulieu, il était repris par Beaulieu SA, société anonyme en mains exclusivement lausannoises.

En 2019, elle engageait un nouveau directeur, Nicolas Gigandet, qui démissionnait… une année après. Aujourd’hui, c’est un deuxième directeur qui part quelques mois après avoir été nommé. Ce que cela prouve? Que l’institution souffre bel et bien d’une «instabilité chronique» due à un incontestable problème de gouvernance et que, finalement, la gauche lausannoise, qui a communalisé le site, ne donne pas le sentiment de faire beaucoup mieux que ses prédécesseurs.