Benoît Gaillard, habité par les habitants

Si vous vous promenez à Lausanne et que vous croisez un individu au regard bleu inquisiteur tourné vers les façades d’immeubles, il y a peu de place au doute. Vous avez rencontré le conseiller communal socialiste Benoît Gaillard.

Cet homme intelligent et hyperactif – il est aussi à l’USS, à la CGN, à l’ASLOCA etc -, est en effet habité. Habité par les habitants. Ou plutôt par les non habitants. L’œil sévère, chimère de Saint-Just et de Don Quichotte, il calme son angoisse existentielle en traquant impitoyablement les logements vides de la ville, y compris quand il se balade avec ses enfants, comme il l’expliquait la semaine passée dans Lausanne Cités. C’est une obsession, un mantra, une idée fixe qui lui a valu les faveurs de la presse avec sa dénonciation de la désormais fameuse «verrue de Bel Air», mais aussi la faveur des tribunaux, attaqué en diffamation par un propriétaire immobilier qu’il a traité de voyou. Alors osons le néologisme et masculinisons un nom féminin, afin de respecter l’égalité si chère au PS. Benoît Gaillard est ce que l’on pourrait appeler un «passionarion», un homme fougueux, pourfendeur des injustices qui aime les grandes causes, et qui, l’époque étant trop étroite pour lui, aurait adoré défendre Dreyfus, Calas et Omar Raddad dans un seul et même procès. L’enfer étant pavé de bonnes intentions, la Terre de bonnes causes et l’enthousiasme de débordements juvéniles, cela donne parfois lieu à des excès qu’on lui pardonne volontiers, car l’homme ne manque ni de convictions, ni d’arrière-pensées politiques et encore moins de grandiloquence. On l’aime pour cela et on n’osera jamais le déranger dans ses rêveries de promeneur solitaire lausannois.