«C’est à l’école que se jouent les clichés racistes»

EDUCATION • Le conseiller communal socialiste Mountazar Jaffar vient de déposer un postulat visant à encourager des actions de sensibilisation au racisme dans les écoles de Lausanne.

  • L’élu socialiste dénonce un racisme direct et indirect. VERISSIMO

    L’élu socialiste dénonce un racisme direct et indirect. VERISSIMO

Lausanne Cités: En matière de racisme, la situation lausannoise est-elle vraiment si catastrophique que cela?

Mountazar Jaffar: Oui, elle l’est et ce n’est pas moi qui le dis, mais de nombreux rapports dont celui du Groupe de travail de l’ONU paru en janvier dernier, qui mentionne que dans des villes suisses, de nombreux enfants font face à des blagues ou brimades racistes, sans même que l’enseignant ne trouve utile d’intervenir. Le résultat est que ces comportements sont intériorisés par les enfants et c’est extrêmement problématique. Ce n’est pas le cas dans toutes les classes bien sûr, mais il arrive que nos enfants dans leur parcours scolaire n’aient jamais réellement été confrontés à la question du racisme et ses conséquences.

Le tableau est-il si sombre? Des élus issus de l’immigration émergent un peu partout, la Suisse est-elle donc un si mauvais élève en termes de racisme?

Je me réjouis de la place grandissante qu’occupent ces nouveaux élus issus de l’immigration. Toutefois, la représentativité de ces personnes, notamment celles racisées, au sein des institutions politiques ou dans les sphères de pouvoir est encore très faible. Il y a un vrai potentiel de progression, d’autant que toutes les études mentionnent l’ampleur du déni suisse sur ce sujet. C’est bien pour cela qu’il faut commencer en milieu scolaire, là où se perpétuent les clichés et se joue la reproduction sociale du racisme.

Votre postulat s’adresse à la Ville. Sauf qu’il n’est pas de sa compétence d’agir en matière de programmes scolaires…

C’est vrai, ceux-ci relèvent d’une compétence cantonale et il n’est d’ailleurs pas exclu que mon postulat soit repris par un collègue du Grand Conseil. Il n’empêche que la Ville a une marge de manœuvre, à travers l’organisation de sorties de classes sur le thème du racisme ou en intégrant les associations à des actions de sensibilisation. Ce serait déjà un très bon début…

Avez-vous vous-même été victime de racisme au cours de votre vie?

Pour le racisme que l’on ne voit pas, celui par lequel on vous refuse un logement ou un emploi en raison de votre nom, je ne peux rien avancer. Pour ce qui est du racisme direct, oui bien sûr, j’ai été confronté aux insultes et aux propos dénigrants et méprisants. Et cela continue, même dans le cadre de l’exercice de mon mandat politique, par exemple via les réseaux sociaux.