Charlotte Dumur: «En termes de chantiers, la Ville de Lausanne est à la pointe!»

HUMOUR • Avec son affiche évocatrice et son édition riche en numéros chantés et dansés, la Revue de Lausanne jette un pont entre la capitale vaudoise et Broadway. Après Lausanne’geles et son graffiti légendaire, voici que les Terreaux se retrouvent à quelques pâtés de maison de la 42ème rue… On passe la Revue en revue avec une de ses talentueuses interprètes, la comédienne Charlotte Dumur.

  • DIANA M PHOTOGRAPHY

    DIANA M PHOTOGRAPHY

Lausanne Cités: Vous avez rejoint l’équipe de la Revue de Lausanne il y a deux ans. Racontez-nous un peu l’esprit qui infuse dans cette troupe.

Charlotte Dumur: Il y a un vrai travail collectif autour du développement du spectacle chaque année, d’abord avec les trois auteurs, Blaise Bersinger, Sébastien Corthésy et Benjamin Décosterd, puis avec l’ensemble de la troupe. Au fil des ans, et même si le projet est relativement jeune, un vrai esprit de bande s’est installé, avec une grande complicité. On travaille ensemble, on rigole ensemble, on angoisse ensemble. C’est super.

Comment est né le fil rouge de la Revue 2022?

C’est essentiellement un travail d’observation de ce qui a marqué le quotidien des Lausannoises et Lausannois sur l’année écoulée, que ce soit au niveau local, national ou international, puis un travail de compilation autour d’un fil rouge.

En vous moquant du chantier permanent qu’est devenu Lausanne, vous n’avez quand même pas l’impression de faire un spectacle «de droite»?

C’est une excellente question! Je ne pense pas non … On aborde aussi plein d’autres sujets.

Oui, mais vous allez donner du grain à moudre à toutes celles et ceux qui râlent en permanence contre cette Municipalité de gauche qui multiplie les chantiers et veut empêcher les voitures de rouler… c’est un peu un truc de PLR ça.

C’est vrai qu’on tape un peu sur les écolos, mais on n’épargne personne et tout le monde en prend pour son grade au final. Et puis comme je vous le disais, on ne parle pas que de travaux et de chantiers…

Quels sont les autres sujets que vous passez en revue cette année?

On parle aussi du Lion d’Epalinges, du Tour de France… Le fil rouge est le chantier géant qu’est devenue la ville, mais il faut bien le dire: en termes de chantier, Lausanne est à la pointe!

Vous êtes issue du théâtre et de la comédie musicale et vous vous retrouvez dans une proposition comique. C’est tout de même un grand changement d’univers par rapport à «West Side Story», «Les Trois Sœurs» de Tchekov ou «Electra» de Sophocle, trois œuvres que vous avez interprétées sur scène auparavant…

Oui, ça a été assez difficile de passer du théâtre classique au spectacle comique. C’est un rythme totalement différent, une dynamique qui n’a rien à voir, une précision implacable. J’ai l’habitude d'avoir du temps pour explorer qui sont mes personnages, leur passé, leurs histoires, leurs motivations. Là, on n’a pas le temps, il faut être dans l’instant, être efficace. Le rapport avec le public est aussi plus franc, direct: ça rit… ou ça ne rit pas. Implacable!

Il y a un paradoxe entre le fait que l'écriture humoristique exige énormément de précision et qu'en même temps on a peut-être moins le temps d'aller en profondeur dans l'exploration des personnages…

Oui, peut-être… Disons que c'est juste un travail très différent: le comique, c’est la dynamique de l’instant. L’important c’est la manière dont on délivre le texte.

Vous avez donc dû apprendre à faire des vannes. Finalement, est-ce que ça s’apprend, l’humour?

Oui, en tous cas le rythme de la blague, le tempo de la punchline, ça s’apprend.

Dans le fond c’est une question de rythme, comme en musique… mais du coup, vu votre parcours, vous allez chanter, quand même?

Evidemment! Même si elle parle des travaux de Lausanne, la Revue a de vrais petits airs de Broadway cette année, avec beaucoup de numéros chantés et dansés.

Le magicien Pierric Tenthorey et le stand-upeur Nathanaël Rochat participent aussi au spectacle. Que vont-ils apporter de plus à ce cru 2022?

Leurs univers très différents… On a même essayé de faire chanter Nathanaël Rochat!

Pierric Tenthorey, champion du monde de magie, va-t-il réussir à nous faire croire que le chantier de la gare est fini ou que celui du M3 a commencé?

Alors non, il ne va pas y avoir de grande magie! Ce que j’aime justement dans ce projet, c’est son apparente simplicité, sa modernité, loin des revues classiques…

La Revue de Lausanne veut s’affranchir des codes du cabaret-spectacle. Vous n’auriez pas rêvé d’un beau costume de music-hall?

Non, pas trop. Il y a d’autres spectacles pour cela. On essaye de proposer un vrai renouveau de cette tradition, et je crois que nous y sommes arrivés!

La Revue de Lausanne, aux Terreaux jusqu’au 22 janvier 2023