Zombi Child
Des rites vaudous en Haïti dans les années 60 et un pensionnat de jeunes filles vouées à l’excellence, de nos jours en banlieue parisienne. Bertrand Bonello convoque deux univers a priori antagonistes qui vont s’entremêler dans un ballet envoûtant et hypnotique. Film foisonnant et passionnant, à la frontière du fantastique, «Zombi Child» fascine par sa mise en scène et son évocation métaphorique des troubles fiévreux de l’adolescence: l’éveil à l’amour, à la mort, au deuil, au désir. Entre légende mystique et contemporanéité bien concrète, Bertrand Bonello signe, après le perturbant «Nocturama», un nouveau portrait singulier de la jeunesse française, et un très beau numéro d’équilibriste cinématographique, jonglant avec les ambiances, les époques et les thématiques, tantôt avec la grâce éthérée d’une Sofia Coppola, tantôt avec l’angoisse hallucinatoire d’un film de genre, ou bien encore avec la précision documentaire d’un récit anthropologique sur les rites vaudous.
Juillet Aôut, mercredi 3 juillet, minuit 15, France 3
Après le polémique «Un Français», qui dressait le portrait d’un jeune facho hexagonal, Diastème signe une comédie qui vaut le détour, et un meilleur horaire de diffusion. En suivant les vacances d’été de deux sœurs de 14 et 18 ans, le réalisateur explore des thématiques qui lui sont chères dans un diptyque plein de charme, de fraîcheur et d’une certaine mélancolie, explorant des chemins auxquels on ne s’attend pas. Jouant la carte des souvenirs, avec une première partie chez la mère, très bling bling, sur la Côte d’Azur et une seconde partie beaucoup plus iodée et sauvage en Bretagne, chez le père, il vise droit dans le cœur des spectateurs et atteint parfaitement sa cible entre attachement, nostalgie, légèreté et réflexion. Epaulé par un casting solide et bien assorti (mention spéciale au vieux loup Patrick Chesnais, au rustique Thierry Godard et au duo de sœurs Alma Jodorowski et Luna Lou), le réalisateur livre ici une très belle comédie, légère et touchante à la fois.