Dépister la dégénérescence maculaire liée à l’âge

OPHTALMOLOGIE • Avec le vieillissement de la population, la DMLA ou dégénérescence maculaire liée à l’âge, est une cause très fréquente de déficience visuelle sévère dans les pays industrialisés. Heureusement, son évolution peut être considérablement ralentie grâce à des traitements de plus en plus prometteurs.

  • Un des premiers signes de la DMLA est l’altération de la vision fine. 123RF

    Un des premiers signes de la DMLA est l’altération de la vision fine. 123RF

Si vous arrivez à voir de manière très précise les tout petits détails qui passent dans votre champ de vision, comme lire l’heure ou reconnaître les caractères d’un livre, d’un ordinateur ou d’un smartphone, c’est grâce à une petite zone située au centre de la rétine de vos yeux, la macula.

Constituée d’une très grande densité de photorécepteurs, la macula peut malheureusement faire l’objet d’une affection appelée «dégénérescence maculaire liée à l’âge» ou DMLA. Problème: à un stade précoce - elle démarre parfois déjà dès l’âge de 55-60 ans -, cette maladie qui touche toujours les deux yeux, n’occasionne, pour les personnes qui en souffrent, aucun symptôme, ni douleur, ni perte de vision, d’où l’importance de procéder régulièrement à des examens de dépistage.

Alors qu’à 50-60 ans, la DMLA ne touche que 2 à 3 % de la population, elle affecte 15 % des plus de 85 ans, autant dire qu’en Suisse, cette maladie concerne un très grand nombre de personnes, les seniors de plus de 65 ans représentant à eux seuls près de 20 % de la population totale du pays. Outre l’âge, de nombreux autres facteurs de risques ont également été identifiés: génétiques, mais aussi liés au mode et à l’hygiène de vie, comme le tabagisme ou une alimentation déséquilibrée et trop pauvre en antioxydants, oméga 3 et pigments maculaires, que l’on retrouve en général dans la célèbre alimentation méditerranéenne.

Symptômes à un stade avancé

Ce n’est qu’une fois un stade avancé atteint que la DMLA commence à occasionner des symptômes, marqués par une hypersensibilité à l’éblouissement et surtout une altération progressive de la vision centrale: le malade éprouve alors des difficultés croissantes à lire, à reconnaître un visage, tandis que sa vision périphérique est préservée. A ce stade, on distingue ainsi deux types de DMLA: une forme sèche, que l’on retrouve dans 80% des cas et qui est marquée par la destruction progressive des cellules de la macula et une forme dite «humide». Plus sévère, due à la prolifération de minuscules vaisseaux sanguins, elle est caractérisée outre l’apparition de taches floues ou sombres dans le champ visuel, par des symptômes supplémentaires dans l’altération de la vision, comme la déformation des lignes droites.

Depuis une quinzaine d’années, la médecine dispose heureusement de traitements qui contrôlent souvent très efficacement l’évolution de la forme humide, par des injections dans les yeux à pratiquer à une fréquence variable, au moins tous les mois en début de traitement. Quant à la forme sèche, pour laquelle les ophtalmologues n’avaient jusqu’à présent que peu d’options à proposer, la Food and Drug Administration, la célèbre agence américaine des médicaments, vient d’homologuer un nouveau médicament, toujours sous la forme d’injections dans les yeux et qui, selon les premières études, autorise également un ralentissement notable de l’évolution de la maladie.

Avec la collaboration de

Swiss Visio organise une conférence sur le thème: «DMLA, la cécité est-elle encore une fatalité?» avec le Dr Aude Ambresin, le jeudi 27 avril dès 17h30. Lieu: Swiss Visio Montchoisi – Avenue du Servan 38bis. Inscription par mail à l’adresse: events@swissvisio.net

L'avis de la spécialiste: Dr Aude Ambresin

Quand faut-il se faire dépister pour la DMLA?
Dès l’âge où on commence à avoir besoin de lunettes pour lire, il est vivement conseillé de se faire examiner par un ophtalmologue. C’est un bon moment pour faire un bilan complet de sa vision, vérifier la pression des yeux et enfin pratiquer un fond d’œil, examen qui permet au médecin de détecter entre autres une DMLA débutante. Si tout va bien, un nouvel examen sera recommandé tous les 1 à 5 ans, alors qu’en cas d’anomalies, la surveillance sera plus rapprochée.

Que fait l’ophtalmologue quand il dépiste une DMLA débutante?
Il met en place si besoin des examens complémentaires pour bien évaluer la situation et enseigne au patient la manière d’autocontrôler sa vision en lui expliquant les signes d’appel qui lui permettront de détecter quand sa maladie basculera dans une forme avancée. A un stade précoce, on propose selon l’atteinte des vitamines en prise orale ou une prise en charge par une stimulation lumineuse appliquée sous le contrôle de l’ophtalmologue. A un stade avancé enfin, on met en place des traitements médicamenteux qui contribueront à retarder parfois très notablement, l’évolution de la maladie, sans la guérir.

Que faire, lorsque malgré les traitements, la vision se péjore?
Dans ce cas, la démarche est intégrative et la médecine s’associe à d’autres types de mesures d’accompagnement car la vision périphérique est préservée: des aides, des moyens auxiliaires comme des loupes, des loupes lumineuses, des lecteurs d’écran, des groupes de parole… plusieurs prestations contribuent à améliorer la qualité de vie de ces patients, souvent très âgés.

Dr Aude Ambresin

Spécialiste FMH en ophtalmologie et ophtalmochirurgie