Des badges pourrissent le quotidien de locataires lausannois

GROGNE • Des dizaines d’habitants au chemin du Calvaire se plaignent d’en vivre un. En cause, l’installation d’un système pour entrer dans leur immeuble.

  • Les personnes âgées et à mobilité réduite sont les plus impactées par le nouveau dispositif. PHOTOS MISSON-TILLE

    Les personnes âgées et à mobilité réduite sont les plus impactées par le nouveau dispositif. PHOTOS MISSON-TILLE

  • Le système de badge installé par la régie. MISSON-TILLE

    Le système de badge installé par la régie. MISSON-TILLE

«Ce nouveau dispositif imposé pour entrer dans notre bâtiment complique la vie de tout le monde!» Voici l’avis partagé par de nombreux locataires au chemin du Calvaire 17/19. Parmi eux, des personnes âgées et d’autres malades, avec une mobilité parfois diminuée. Certaines nécessitent une assistance médicale quotidienne ou hebdomadaire. D’autres se font livrer des repas chez elles par des Centres médicaux-sociaux (CMS). Mais depuis l’instauration d’un système de badge en février sans concertation avec les locataires, les visites et les livraisons sont très compliquées d’après des témoignages recueillis. Une fois devant l’entrée verrouillée, il n’existe ni sonnerie ni interphone pour contacter les habitants ciblés.

Système D des habitants

«Auparavant on m’apportait mes plats sur mon palier, mais désormais je dois appeler le CMS puis sortir de chez moi pour aller ouvrir la porte de l’immeuble», se plaint une octogénaire. Elle n’est pas la seule dans cette situation, tandis que d’autres s’inquiètent en cas d’intervention des urgences. Quant à la livraison du courrier et autres colis, rien n’avait été anticipé, si bien qu’en février c’était la gabegie. Une habitante a alors pris l’initiative de donner au facteur du matin sa propre clé qui permet encore d’ouvrir la porte principale de la bâtisse. Mais en cas de vacances ou d’arrêt maladie, rien ne semble résolu, sans parler des livraisons de colis par d’autres sociétés privées. Tous espéraient l’installation d’un interphone ou d’un code digital à l’entrée depuis des années.

La proximité du local d’injection pour les toxicomanes au quartier du Vallon voisin, depuis septembre 2018, avait un impact négatif. Il n’était pas rare de tomber nez à nez avec des inconnus qui venaient se droguer dans les caves ou y commettre des vols. La gérance a enfin agi en bloquant les portes du bas de l’immeuble et en installant un système de badge magnétique pour chaque locataire.

Crainte du code divulgué

Du côté de la régie immobilière zurichoise, la vision de la situation est tout autre. La responsable pour Lausanne assure par téléphone que tout va bien et que les «petits problèmes rencontrés en février» ont été résolus. Affirmations contestées par plusieurs locataires. Mais pourquoi ne pas avoir opté pour un classique code digital ou un interphone? «Nous ne voulons pas qu’un numéro de code soit ensuite transmis par le bouche-à-oreille et qu’au final, n’importe qui puisse entrer dans notre immeuble», insiste l’employée de la régie alémanique. La gérance a pourtant fini par installer à l’extérieur une boite murale munie d’un code; elle contient un sésame pour entrer dans le bâtiment, afin que l’aide médicale puisse se rendre au chevet d’une habitante atteinte d’un cancer.

Si la régie alémanique déclare que ses autres édifices gérés en Suisse connaissent ce même dispositif de badges sans que cela génère de problèmes, un employé de la Poste s’en étonne. Lui constate que la plupart des immeubles locatifs à Lausanne connaissent des digicodes ou des sonneries avec interphones, bien plus pratiques. Une pétition contenant les doléances des habitants du Calvaire 17/19 circule dans l’immeuble et aurait déjà recueilli une soixantaine de signatures. Elle sera envoyée à la gérance zurichoise. Quant à la porte d’entrée de l’édifice censée être sécurisée, elle serait déjà défectueuse et se ferme mal.

Frédéric Nejad-Toulami