Des expériences-pilote menées à Lausanne

L’opération punitive menée récemment par des collégiens lausannois à Pully a marqué les esprits. Pour tenter de pallier ce type d’actions, des collèges ont créé des structures d’intervention réactive. Les actions spontanées lancées sur les réseaux sociaux demeurent toutefois difficilement contrôlables.

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  • Le collège Arnold Reymond de Pully, théâtre de l’expédition punitive lancée par des collégiens lausannois. KOTTELAT

    Le collège Arnold Reymond de Pully, théâtre de l’expédition punitive lancée par des collégiens lausannois. KOTTELAT

Mis en lumière par les récents événements de Pully, le nouveau visage de la violence des jeunes donne actuellement lieu à une réflexion globale du rôle que l’école doit jouer dans sa prévention. Mais le pédiatre Olivier Duperrex, Responsable de l’Unité vaudoise de promotion de la santé et de prévention en milieu scolaire, tient toutefois d’emblée à relativiser le phénomène: «Dans notre société, la violence n’est pas le fait des jeunes. De plus, le phénomène des bastons n’a rien de nouveau, on le voyait déjà dans le film (ndlr. film d’Yves Robert, 1962)Ce qui a changé, c’est l’immédiateté de l’organisation de celle-ci et leur mise en scène filmée et diffusée sur internet.»

Le rôle néfaste des réseaux sociaux

Avec les réseaux sociaux (RS), une situation de provocation ou de harcèlement peut effectivement dégénérer très rapidement en baston de grande ampleur, avant même que les adultes aient la moindre chance d’intervenir. «C’est pour cette raison que nous veillons à prévenir ces situations explosives en renforçant la notion de respect dans le climat scolaire au moyen de différentes actions, comme par exemple la création de spectacles qui mettent chacun en valeur», ajoute le Dr Olivier Duperrex.

«Les enseignants ne tiennent pas à se substituer aux parents, mais ils doivent cependant trouver des solutions pour prévenir les problèmes de comportement», renchérit Serge Martin, le directeur pédagogique de l’enseignement obligatoire vaudois.

Des expérience pilote

Quelques établissements lausannois ont ainsi décidé d’ouvrir de petites classes avec un enseignant de garde qui accueille, pour une heure ou deux, les élèves qui se font exclure des cours pour raison disciplinaire. Ces initiatives, généralement portées par un ou deux maîtres volontaires, ont vu le jour dans des collèges urbains particulièrement exposés aux cas de violence. Walter Späni, enseignant à l’Elysée, est l’un des créateurs de la permanence nommée Colysée. «La création de ce type d’entité s’imposait, car l’évolution de la structure scolaire fait que le maître de classe n’est plus une figure d’autorité aussi forte qu’avant et qu’il n’a surtout plus le temps de prendre en charge un élève qui ne se contrôlerait plus», analyse-t-il. En extirpant celui-ci du cours, la classe peut continuer à fonctionner normalement et les situations potentiellement violentes sont désamorcées par la discussion.

Mais, après plusieurs centaines d’heures passées à discuter avec ces adolescents qui posent problème, Walter Späni s’est forgé une conviction: «Très souvent, ces jeunes ont simplement besoin d’un patron qu’il ne trouve pas suffisamment à la maison.»

Meilleure collaboration

Afin de permettre une meilleure collaboration entre la police, l’école, les professionnels de la santé scolaire et les familles, la Confédération a pour sa part investi près de 6 millions de francs dans le programme «Jeunes et violence». Celui-ci se concentre notamment sur le harcèlement numérique et ses conséquences préoccupantes sur la santé psychique de nombreux ados.