Des rampes en Lego pour les personnes handicapées

INCLUSION • Deux anciennes étudiantes de l’UNIL se battent brique après brique pour faciliter l’accessibilité de divers bâtiments de la région lausannoise et sensibiliser le grand public à cette cause.

  • Aline (à gauche) et Laurianne réfléchissent désormais au moyen de ne plus utiliser de colle pour que leurs rampes deviennent démontables et réutilisables. GRABET

    Aline (à gauche) et Laurianne réfléchissent désormais au moyen de ne plus utiliser de colle pour que leurs rampes deviennent démontables et réutilisables. GRABET

  • Cinq rampes ont pour l’instant été installées, mais de nombreuses autres devraient suivre. Ici celle du Hideaway à Lausanne. RAMPTOGO

    Cinq rampes ont pour l’instant été installées, mais de nombreuses autres devraient suivre. Ici celle du Hideaway à Lausanne. RAMPTOGO

C’est une rampe en Legos multicolores posée devant un commerce lausannois. Une personne en chaise roulante l’emprunte tout naturellement pour pénétrer dans le bâtiment, puis c’est au tour d’un jeune papa avec sa poussette double et sa marmaille et enfin d’un livreur.

Plus tard, un gamin intrigué s’accroupit d’un air décidé pour essayer de démonter une brique en plastique de ce bloc de 15 kg. Sans succès car elles sont collées! Au total, cinq établissements de la région sont équipés de telles rampes à ce jour mais il pourrait y en avoir bien d’autres car les demandes pleuvent.

Un projet né en Allemagne

Lauriane Ryser et Aline Erbland, deux anciennes étudiantes en management de l’UNIL et instigatrices de ce projet baptisé Ramptogo, n’ont pour l’instant pas assez de temps pour les honorer toutes. «Notre idée est née lors du premier confinement, raconte Lauriane, 24 ans. Les circonstances m’ont alors poussée à aider mon cousin atteint de myopathie tandis qu’Aline faisait de même avec des personnes âgées de son voisinage. Cette expérience nous a permis de prendre conscience que même en temps normal, ces hommes et femmes ne peuvent pas accéder à certains endroits, parfois à cause d’une simple marche mal placée. Et la chose est d’autant plus vraie dans une ville en pente comme Lausanne.»

Les deux copines, dont les fibres sociales et durables sont bien aiguisées, décident alors de mettre leur pierre à l’édifice de la «promotion de l'accessibilité universelle en Suisse.» Et cette pierre, ce sera un et même plusieurs milliers de Legos de seconde main, ces «briques» encastrables cultes et multicolores commercialisées par une société danoise depuis 1932. Les Lausannoises s’inspirent de l’initiative Lego-Oma de Rita Ebel, une senior dont les rampes cartonnent en Allemagne. Leur idée est de faciliter l’accessibilité mais au moins autant de sensibiliser à cette question.

Dans la cave d’un mordu

La Ville de Lausanne soutient leur projet qui est au départ étudiant mais leur ouvre des horizons insoupçonnés en termes de rencontres et d’apprentissages. Au fil de leurs aventures, les étudiantes se retrouvent par exemple dans la cave bourrée de Legos d’un collectionneur passionné du côté de Crissier. Lequel finit par leur donner trois bidons de légos «alors qu’au départ il s’indignait qu’on lui réclame ne serait-ce qu’une brique gratuitement.» La laborieuse phase de tri des legos par tailles se fait désormais parfois dans des écoles et est prétexte à sensibiliser les plus jeunes sur le handicap et l’accessibilité.

Au départ, les Vaudoises, qui sont désormais entrées dans la vie active, allaient récupérer les Legos elles-mêmes et construisaient les rampes dans le garage de leurs parents. Désormais, elles bénéficient d’une quinzaine de points de collecte en ville et d’un local (partagé avec celui de la bibliothèque d’objets La Manivelle) pour l’association qu’elles ont fondée. France 2 leur avait même consacré un reportage. D’ici fin février, une boulangerie lausannoise bénéficiera de leur prochaine rampe. D’autres suivront.

Et leur modèle Rita Ebel de conclure: «Je suis très heureuse qu’Aline et Lauriane aient réussi à reproduire mon projet en Suisse. C’est super qu’elles aient pu aller si loin et que cette idée simple continue à se frayer un chemin dans le monde en aidant tant de personnes en situation de handicap!»

Contact et infos: www.ramptogo.ch et ramptogo.info@gmail.com