Barnabé Delarze, un Lausannois aux JO de Rio

AVIRON • Barnabé Delarze, associé à Augustin Maillefer, Roman Röösli et à Nico Stahlberg, vient de se qualifier pour les JO de Rio en 2016. Rencontre avec un sportif d’avenir.

Vous êtes étudiant en sport et science politique à l’UNIL. Est-il possible de concilier les études avec l’aviron au plus haut niveau?

Barnabé Delarze: On s’entraîne et on s’investit comme des pros mais on n’en a pas le statut. Un pro, pour moi, c’est quelqu’un qui a un contrat avec la Fédération et qui reçoit un salaire. Augustin et moi pour ne parler que de nous - leurs camarades suisse-allemands n’ont pas les mêmes soutiens (ndlr) - bénéficions (entre autres) de l’appui de Swiss Olympic, c’est le plus gros, de la Ville de Lausanne, du Canton, de l’armée aussi, qui aide les sportifs d’élite (à Macolin), avec d’autres avantages. Cette année, à l’UNIL, j’ai 30% en termes de crédit. Jusqu’à Rio, je vais devoir faire moins.

Sur le bateau, vous êtes chef de nage. En quoi consiste ce rôle peu connu des profanes?

J’occupe la position 4 celle qui est tout à gauche du bateau. Mes coéquipiers se trouvent derrière moi. Le chef de nage en fait, c’est celui qui donne la cadence que le reste de l’équipe doit suivre. Mais on ne décide pas d’imprimer un rythme. L’idéal, c’est qu’on soit bien ensemble. En harmonie. Il n’y a pas un moment où j’imprime un rythme qui ne convient pas. Sur un bateau, les positions peuvent changer, mais incontestablement, la devise huit bras, huit yeux, un but, demeure. Il n’y a pas d’autre option.

Vous vous entraînez à Sarnen, où se trouve le Centre national suisse d’aviron…

Oui, à raison de trois fois par jour, tous les jours, sauf un. Cette année, on a fait 6000 km, que sur l’eau. Le jour de repos, je fais un tour à vélo, ou je pratique une autre activité sportive. Si je passe une journée à ne rien faire, ça me fatigue plus qu’autrement.

Votre préparation contient un programme de musculation performant et un entraînement basé sur la répétition du geste ainsi qu’à une mise en concurrence des rameurs. Est-ce l’assurance de repousser le plus loin possible les limites physiologiques ?

Outre le fait de vivre sur l’eau, ce sont ces limites qui m’intéressent. Comment peut-on optimiser son corps, même en étant confronté à la douleur? Il y a un mélange d’endurance et de puissance pure. Il est égal. A priori, c’est incompatible mais dans l’aviron, on a besoin de ces deux domaines.

Vous vous êtes qualifiés pour les JO de Rio de 2016. Les entraînements seront-ils encore plus intenses et poussés?

On ne peut pas faire plus que cette année. Au niveau du volume, je pense que ça restera la même chose. Mais on sera plus souvent en camp d’entraînement: au Portugal, en Italie et peut-être, cet hiver, en Nouvelle-Zélande. Mais attention! Le bateau s’est qualifié pour les JO, ça ne veut pas dire que les personnes qui étaient dessus le soient. Nous sommes un groupe de 6 ou 7 et il y aura, j’imagine, une sélection le moment venu. Cela étant, un 4 de base s’est dessiné et il existe.

Justement, le retour aux affaires de votre entraîneur à succès, Edouard Blanc, parti pour des raisons personnelles, a permis au bateau de retrouver sa place …

Oui. On a vécu une période creuse. D’aucuns ont dit (des mauvaises langues) qu’on avait besoin d’un psychologue et d’un magicien pour s’en sortir. Edouard Blanc est revenu auprès de nous, c’est un grand entraîneur et il nous connaît bien. La dimension technique qu’on a retrouvée, joue en grand rôle. La technique, c’est 50% de la réussite et la condition physique est déterminante. Le mental, lui, englobe le tout et notre moteur, ce sont les jambes.