Coup de gueule: République des juges

Chaque semaine Pascal Décaillet nous livre son coup de gueule.

  • Claude Rouiller

    Claude Rouiller

Comme citoyen, j'ai voté non à l'initiative sur l'internement à vie des criminels dangereux. J'avais également voté non dans l'affaire des minarets. Sur ces deux objets, un certain dimanche de votation, je me suis retrouvé dans le camp des perdants. Mais le verdict du souverain, je l'ai accepté. Cela nous arrive à tous. Cela s'appelle la démocratie.

Tout le monde l'accepte, sauf les mauvais perdants. Un camp auquel appartient hélas un ancien président du Tribunal fédéral, le Valaisan Claude Rouiller. Les propos tenus au matin du lundi 16 septembre, sur la RSR, par cet éminent juriste, ont de quoi inquiéter. M. Rouiller, comme votre serviteur, était contre l'internement à vie. Mais la manière dont il a parlé de cette initiative, acceptée par le souverain, laisse pantois.

Par exemple, lorsqu'il rappelle qu'elle avait été rejetée par le Conseil fédéral et les Chambres. Faut-il avoir présidé la plus haute instance judiciaire de notre pays pour feindre d'ignorer que l'essence même d'une initiative populaire, dans notre pays, est précisément, dans bien des cas, de corriger, par l'appel au suffrage universel, la vision des élus? Et que cette ultime décision prime sur toute autre. Sur cette initiative, la seule chose à retenir, c'est qu'elle a été acceptée. Et qu'il convient, en respect de la volonté du peuple, de l'appliquer. Tout le reste ne serait qu'arguties d'une cléricature s'estimant supérieure au souverain de ce pays. En clair, une République des juges.