Le moine tibétain qui défend les animaux...

ETHIQUE • Fort d’une autorité morale incontestée, le célèbre moine tibétain Matthieu Ricard publie un «Plaidoyer pour les animaux». De l’art d’étendre sa bienveillance à nos amies les bêtes.

  •  Plus de 305 des espèces animales auront disparu d'ici 2050. DR

    Plus de 305 des espèces animales auront disparu d'ici 2050. DR

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    Plus de 305 des espèces animales auront disparu d'ici 2050. DR

«Nos amies les bêtes»... Est-il normal de manger ses amis? Que nenni, rétorque en substance le célèbre moine bouddhiste Matthieu Ricard dans son dernier ouvrage, intitulé «Plaidoyer pour les animaux, vers une bienveillance pour tous».

Souffrance et tuerie

Venu en Suisse dans le cadre d’un cycle de colloques consacrés à la philantropie et organisé par l’Université de Genève et la fondation Lombard Odier, le «sage» ne mâche pas ses mots: «Des milliards d’animaux sont tués chaque année pour notre usage, alimentaire ou autre. C’est une tuerie de masse qui ne peut que poser un problème à notre cohérence éthique, car il ne s’agit pas de s’occuper que des animaux, mais aussi des animaux qui sont des êtres sensibles qu’il ne faut pas instrumentaliser en vivant de leur souffrance et de leur mort.»

Les chiffres avancés dans le dernier ouvrage du moine donnent en tout cas le vertige. Tous les ans en effet, 60 milliards d’animaux terrestres et 1000 milliards d’animaux marins sont ainsi tués pour notre consommation, alors que, écrit Matthieu Ricard, «nous vivons dans un monde essentiellement interdépendant où le sort de chaque être, quel qu’il soit, est intimement lié à celui des autres».

Au-delà de la dimension éthique, la démonstration prend également un tour résolument économique et sanitaire: défendre la cause animale, n’est pas seulement défendre des êtres qui «ressentent des émotions et sont sensibles à la douleur». C’est aussi servir l’humain. D’abord parce que la consommation régulière de viande nuit à la santé humaine. Ensuite parce que l’élevage industriel est l’une des causes avérées du changement climatique, dont nous commençons à subir les effets aujourd’hui.

Survie

Alors qu’à l’horizon 2050, plus de 30% des espèces animales auront disparu, c’est donc clairement la survie de la planète qui, à moyen terme, est en jeu.

Et Matthieu Ricard de conclure, non sans malice: «Les grands personnages de l’humanité qui se sont occupés de l’Homme se sont toujours également préoccupés des animaux. Et j’observe que ceux qui avancent que l’intérêt pour les animaux n’a pas de sens au vu des souffrances humaines, ne s’occupent en réalité ni des hommes ni des animaux!»