Phares diurnes: dur, dur de convaincre!

- Premier bilan mitigé de l’obligation de rouler phares allumés, mise en place début 2014.
- Entre des accidents en hausse et des morts en baisse sur les routes, difficile en effet de mesurer l’impact sécuritaire du dispositif.
- D’autant que le nombre de victimes cyclistes, censées être protégées, explose.

  • Véhicules d’avant 1970, cyclos et vélos sont dispensés d’allumage des feux de jour. PASCAL BITZ

    Véhicules d’avant 1970, cyclos et vélos sont dispensés d’allumage des feux de jour. PASCAL BITZ

«Est-ce que les cyclistes et les piétons devront avancer avec un gyrophare sur la tête pour être vus?» Delphine Klopfenstein, secrétaire générale des Verts genevois

Le nombre de tués sur les routes suisses n’a jamais été aussi bas: 243 morts en 2014 contre 269 l’année précédente. «Cette évolution pourrait s’expliquer, entre autres, par les améliorations apportées aux véhicules» et voulues et le législateur, analyse l’Office fédéral des routes (OFROU). Pas par l’obligation d’allumer ses feux diurnes ou de croisement de jour, donc. Ou pas seulement, comme le souligne également le Bureau de prévention des accidents: «Nous n’avons pas encore fait un bilan de cette mesure» introduite par Via Sicura, le nouveau Code de la route, explique Daniel Menna, le porte-parole du BPA. «Pourtant, de nombreuses études démontrent l’efficacité de la mesure (réduction des accidents de voitures avec des personnes blessées dans des collisions frontales et latérales de 10%) et qu’elle n’a pas de conséquences négatives importantes sur la sécurité des conducteurs de motos.»

Cyclistes: le point noir

La visibilité des motards, c’était leur crainte lors de l’application de cette loi, au 1er janvier 2014. Car ils étaient, jusqu’alors, seuls à rouler en permanence avec leurs feux. «Mon sentiment est que, dans le doute, il vaut mieux être vu que le contraire», estime Samuel Regueiro, mandataire commercial Emil Frey SA. «Etant moi-même motard, je pense que le problème d’identification des motos n’en est pas un: le plus important étant d’être visible et ce, quelque soit le moyen de transport utilisé.» La stabilité des chiffres (53 décès en 2014 contre 55 en 2013) tendrait plutôt à apaiser ces craintes.

Pour les cyclistes en revanche, la donne change sensiblement. Alors qu’ils étaient 21 à avoir perdu la vie en 2013 (17 cyclistes classiques et 4 sur vélos électriques), ce nombre a grimpé de plus de 60% l’an dernier, avec 34 décès (29 cyclistes + 5 électriques). Une évolution qui fait bondir Delphine Klopfenstein, la secrétaire générale des Verts genevois: avec cette mesure, «on y gagne par rapport à la visibilité des voitures, qui prennent une certaine place, au détriment des cyclistes ou des piétons toujours plus dans l’ombre, alors que ceux-ci même devraient bénéficier de plus de sécurité. Est-ce qu’ils devront avancer avec un gyrophare sur la tête pour être vus également?»

Consommation négligeable

Enfin, le dernier sujet à controverse, lors de l’instauration de cette loi, concernait le surplus de consommation qu’une telle mesure allait entraîner. Là encore, il semble que les fantasmes aient cédé la place à de plus lisses réalités. «En roulant feux de croisement allumés, il faut compter avec une faible augmentation de consommation d’environ 2%» affirme, explique le Touring club suisse. Mais ça, c’est si l’on n’a pas de véhicule récent équipé des feux de jour (lire ci-contre). Sinon, «les feux de circulation diurnes représentent un supplément de consommation négligeable d’environ 0,2%», conclut le TCS.