Une aventure hors du commun

EPFL • Des scientifiques suisses et russes vont réunir leur savoir-faire pour mieux comprendre les milieux lacustres. A bords d'ULM truffés de technologies, ils comptent tester de nouvelles méthodes d'analyse au-dessus du Léman et du lac Baïkal.

C'est grâce au soutien de Ferring Pharmaceuticals, du Consulat honoraire de Russie à Lausanne, et avec le concours de l'Académie russe des sciences, que cette aventure scientifique a été rendue possible. Elle vient de commencer sur le Léman et, dès le 25 mai prochain, les ULM partiront vers la Russie pour un voyage de plus de 7500 kilomètres. Pendant le trajet, les chercheurs de l'EPFL utiliseront la technologie embarquée pour une étude de la biodiversité et des scientifiques français se joindront au périple, dans le but de mieux comprendre les conséquences atmosphériques des feux de forêt boréale. Un mois plus tard, le 24 juin, commencera alors la campagne prévue sur le Baïkal.

Similitudes et différences

Les lacs Léman et Baïkal ont de nombreux points communs. Ce sont deux lacs de l'ère glaciaire. Ils sont assez importants pour donner lieu à des phénomènes physiques complexes de circulation des eaux et subissent de plein fouet l'activité humaine. Ils sont également suffisamment différents pour qu'une comparaison s'impose. Car si le Léman fait figure de géant dans les Alpes, le Baïkal impose un radical changement d'échelle: plus grande réserve d'eau douce du monde, il s'étend sur plus de 600 kilomètres pour une profondeur maximale de près de 1600 mètres! En testant leurs méthodes de travail sur les deux plans d'eau, les chercheurs disposeront ainsi des meilleures conditions pour mettre au point de nouvelles méthodes d'analyse, applicables à quantité de milieux lacustres.

Equipements de pointe

L'un des ULM est équipé d'une caméra hyperspectrale, capable de diviser le spectre lumineux en plus de 250 parties. Cela lui permettra de voir précisément comment algues et sédiments en suspension se distribuent et circulent dans les couches affluant la surface. Les données issues des aéronefs seront combinées à celles des satellites, ainsi qu'à des prélevés effectués par un catamaran. Des dispositifs lasers, appelés «Lidar», apporteront aussi des informations précieuses sur les courants aériens proches de la surface.Autre objet de préoccupation, les deltas fluviaux. Souvent vecteurs de pollution, à cause de l'activité humaine en amont, ils induisent des courants complexes que l'on appelle le «panache». En dévoilant les dynamiques complexes de ce phénomène, les chercheurs comptent notamment mieux comprendre comment se distribuent les polluants. Lors de la première saison d'exploration en Russie, les scientifiques se pencheront plus particulièrement sur le panache de la rivière Selenga, au delta incomparablement plus grand que celui du Rhône.

Plateforme d'échange

Autre aspect du projet Léman-Baïkal, la mise sur pied d'une véritable plateforme d'échange. La Suisse et la Russie dépêcheront chacun cinq chercheurs qui séjourneront dans le pays partenaire. Les scientifiques organiseront des workshops afin de partager leurs résultats, dans le but notamment de réaliser des publications communes.