Une nouvelle banque pour les horlogers?

INTERNET • La start-up américaine Pebble va lancer sa marque de smart watches grâce à 10 millions de dollars levés auprès des internautes. Le financement industriel sur internet fait tache d'huile aux Etats-Unis. Et en Suisse?

  • Le succès de l'américain Pebble va -til faire tâche d'huile auprès des horlogers suisses?

Tous les groupes de musique connaissent le principe du crowd funding, le financement par la foule. Ces sites spécialisés permettent de lever des fonds auprès du public pour enregistrer un album en studio. Aujourd'hui, ces plateformes financent aussi des projets industriels. L'exemple le plus spectaculaire, c'est sans doute celui de Pebble. Cette start-up horlogère a récolté la somme de plus de 10 millions de dollars, un record, entre les mois d'avril et mai 2012. Sur le site américain Kickstarter, plus de 85'000 internautes ont précommandé pour 115 dollars la montre électronique intelligente Pebble epaper de cette jeune pousse inconnue qui est capable d'échanger des données avec un iPhone ou un mobile doté du système Android. Ce qui permet de voir ses courriels, ses appels et ses notifications sur les réseaux sociaux comme Twitter et Facebook. Depuis cette réussite inattendue, plusieurs jeunes horlogers américains et canadiens se sont précipités sur Kickstarter dans l'espoir de toucher le jackpot et de suivre l'exemple d'Eric Migicovsky, le fondateur de Pebble, âgé de 25 ans à peine.

En Suisse aussi?

En Europe aussi, de tels portails ne manquent pas, comme le montre le site de référence alloprod.com. Le crowd funding pourrait-il dès lors financer les jeunes horlogers suisses? «Pour lancer une marque horlogère, il faut compter plusieurs dizaines de millions de francs, rappelle Jean-Daniel Pasche, président de la Fédération de l'industrie horlogère suisse. Ce qui coûte le plus cher, ce n'est pas de fabriquer une montre. C'est d'investir dans le marketing et de monter un réseau de distribution international. A moins de vendre sur Internet, le marché suisse étant trop petit, il faut exporter la production.»

Un exemple vaudois

En 2006, l'horloger Romain Gauthier a démarré en vendant ses créations à des collectionneurs à Singapour. «Si j'étais né dans la Silicon Valley, sans doute aurais-je tenté ma chance avec le crowd funding, confie cet enfant de la Vallée de Joux, berceau de la montre mécanique. Le mécanicien de précision vaudois a donc financé son rêve par un emprunt bancaire de 300'000 à 400'000 francs.Cependant, pour faire connaître sa marque hors de la niche des collectionneurs de pièces rares, Romain Gauthier aura besoin de fonds importants. On le sait: les jeunes horlogers, qui font appel à des capitaux extérieurs, perdent souvent le contrôle de leur marque. Les cas plus connus, Daniel Roth, qui a lancé sa marque en 1989, au Sentier, Franck Müller, en 1991, à Genthod, et Michel Parmiggiani, en 1996, à Fleurier, ont tous vendu les entreprises qui portent leur nom. Internet pourra-t-il changer cela? A voir!

Pour en savoir plus en vidéo:Montres Romain Gauhtier: http://www.montres-rg.com/Pebble: http://www.kickstarter.com/projects/597507018/pebble-e-paper-watch-for-i...