Big Brother nous surveille!

GEOLOCALISATION • Du GPS au téléphone mobile et aux réseaux sociaux, les services basés sur les technologies de géolocalisation sont devenus totalement banals. Mais ce progrès a son prix. Il n'est pas indifférent de laisser tout le monde savoir tout le temps où l'on est.

  • Attention! Si la géolocalisation peut être parfois utile, elle ne garantit pas toujours la sphère privée.

    Attention! Si la géolocalisation peut être parfois utile, elle ne garantit pas toujours la sphère privée.

  • Attention! Si la géolocalisation peut être parfois utile, elle ne garantit pas toujours la sphère privée.

    Attention! Si la géolocalisation peut être parfois utile, elle ne garantit pas toujours la sphère privée.

Ma dernière trouvaille? Une application pour cyclistes, qui récolte des données sur tous mes trajets, en se basant sur un système de cartes et sur la connexion GPS de mon smartphone. Mais pour l'utiliser, je dois d'abord m'enregistrer auprès des éditeurs de l'application, soit par le biais d'un réseau social, soit en créant mon propre nom d'utilisateur. Dès le premier pas, j'accepte donc de partager mes données avec d'autres gens. Puis j'enfourche mon vélo, GPS enclenché, et je commence à enregistrer ma route. Mais au fait, est-ce que je veux vraiment que les gens sachent où je suis? Chaque étape implique des décisions. Les informations que j'envoie doivent-elles être rendues publiques? En temps réel ou en différé? Et qui aura le droit d'y accéder?

Tous localisés?

Plus généralement, les gens qui utilisent une application avec une fonction de géolocalisation doivent décider à quel niveau ils placent la protection de leur vie privée. Et les experts avertissent que l'usage de ce type d'applications n'est pas sans risques. «Par exemple, si vous avez sur votre smartphone une application pour localiser des endroits sur une carte [type Google maps], vous ne voyez probablement aucun problème à ça, mais beaucoup de gens ne réalisent pas que leurs données de localisation peuvent être enregistrées et utilisées à d'autres fins», explique Nicolas Nova, qui enseigne l'ethnographie à la Haute Ecole d'art et de design de Genève.Normalement, les conditions générales que chacun est censé lire avant de télécharger une application devraient préciser que ces données peuvent être récoltées. Mais la collecte peut aussi se faire sans le consentement de l'utilisateur. Ainsi, l'année dernière, des chercheurs américains ont pu démontrer que les smartphones d'Apple contenaient une base de données de localisation cachée, laquelle pouvait être consultée en tout temps. Et il s'est avéré plus tard que les appareils tournant sous Android fournissaient des données de localisation à Google.

En flagrant délit

Etre ainsi pris en flagrant délit en Suisse ne va pas nécessairement décourager les prestataires de services basés sur la localisation, estime Sébastien Fanti, spécialiste du droit de l'Internet. «Au vu de la valeur des informations qu'ils peuvent collecter, l'incitation est forte à passer outre les lois et les règlements. De toute façon, s'ils sont pris, il n'y a pas de sanctions», constate l'avocat valaisan. Sébastien Fanti avertit que les fournisseurs de services peuvent recouper les données pour dresser un profil de l'utilisateur, ce qu'il juge peu acceptable.Dans l'idéal, les utilisateurs devraient pouvoir consentir en toute connaissance de cause à partager ou non leurs données de localisation. «Les gens ne sont pas conscients des implications quand ils acceptent un contrat de licence pour une application, constate Sébastien Fanti. Les questions liées à la géolocalisation devraient être mentionnées explicitement et séparément». Nicolas Nova approuve. Pour lui, une application devrait demander la permission de l'utilisateur pour connaître l'endroit où il se trouve. «Certains trouveront que c'est une entrave, mais pour moi, c'est une garantie des droits de l'individu à sa sphère privée», ajoute l'ethnologue.

La bonne attitude

Alors, quelle est la bonne attitude face à ces services basés sur la géolocalisation? L'office du Préposé fédéral à la protection des données et à la transparence conseille aux individus de décider s'il est nécessaire de donner des informations sur leur localisation. Pour exemple, un horaire de chemin de fer n'a pas besoin de savoir où vous êtes, mais un système de navigation, oui.

Ce texte peut être lu dans son intégralité sur www.swissinfo.ch