L’intelligence pour prévenir l’amputation

DIABÈTE • Des chercheurs de l’EPFL ont développé une semelle équipée de valves gérant électroniquement la pression exercée sous la voûte plantaire. But visé: soulager les ulcères liés au diabète et leur permettre de cicatriser pour éviter de dangereuses surinfections.

  • Un premier prototype de cette chaussure intelligente vient tout juste d’être terminé. EPFL/A.Herzog

    Un premier prototype de cette chaussure intelligente vient tout juste d’être terminé. EPFL/A.Herzog

Le diabète peut engendrer de dangereuses complications. Celles-ci mènent encore trop souvent à l’amputation du pied, voire au décès. Pour éviter de telles issues, une équipe de chercheurs de l’EPFL, à Lausanne, travaille en collaboration avec les Hôpitaux universitaires de Genève (HUG) sur la réalisation d’une chaussure «intelligente». Grâce à une technologie d’actionneurs gérant électroniquement la souplesse de la semelle, l’objet permettrait d’endiguer l’apparition, et surtout l’aggravation, d’ulcères plantaires typiques de cette maladie.

Valves électromagnétiques

Pour relever ce défi, les chercheurs du Laboratoire d’actionneurs intégrés (LAI) de l’EPFL, à Neuchâtel, ont eu une bonne idée: tapisser la semelle d’une chaussure d’une cinquantaine de petites valves électromagnétiques remplies d’une matière magnéto-rhéologique. «Il s’agit d’une substance composée de micro particules de fer en suspension, dont on peut contrôler la viscosité», explique Yves Perriard, directeur du LAI. «En lui appliquant un champ électrique, les particules réagissent immédiatement et s’alignent, faisant passer la matière en quelques fractions de seconde de l’état liquide à un état rigide.» 

De cette matière, il est possible de créer des zones différenciées où la semelle sera plus ou moins souple, ménageant les endroits sensibles ou blessés. Le système devrait permettre non seulement de guérir les plaies plus rapidement, mais également d’éviter l’apparition de nouveaux ulcères.

Moins de contraintes

Cette invention présente différents avantages, dont celui de minimiser au maximum les désagréments quotidiens pour le patient n’est pas des moindres. «Il existe bien actuellement des solutions, telles que plâtres ou semelles de décharge, relève Zoltan Pataky, médecin interniste aux HUG et initiateur du projet. Mais comme elles sont contraignantes et demandent des adaptations constantes, les patients sont souvent réticents à les adopter et les médecins hésitent donc à les prescrire.L’avantage de cette chaussure serait donc non seulement de soulager la voûte plantaire là où il faut, mais aussi de permettre ensuite une adaptation immédiate de la pression en fonction de l’évolution des plaies.» Le laboratoire cherche maintenant des partenaires industriels pour développer le projet.