Au bistro, c’est foot romand et... auberge espagnole

CHRONIQUE • Quand on aime le ballon, par chez nous, il vaut des fois mieux se rendre au bistro qu’au stade. Quoique, on y entend parfois des trucs bizarres.

  • Au bistro, le foot déclenche les passions. DR

    Au bistro, le foot déclenche les passions. DR

Que va-t-on bien pouvoir faire en attendant (21-23 novembre) cette finale de Coupe Davis qui nous affole déjà la pompe? Deux mois à tuer, sachant qu’il ne faudra pas trop compter sur les clubs romands de football pour dribbler un automne qui s’avance radieux dans le ciel histoire de mieux nous faire oublier qu’il sera morne ici-bas.

A part l’éternel FC Sion, ils sont tous tombés dès les 16es de finale de la Coupe, nos fleurons fanés qui se cherchent des bourgeons sous les bras, fauchés un à un l’espace d’un week-end.

Un trio dans la rigole

Le Mont qui fait courbette devant Saint-Gall, le Stade Nyonnais éliminé par Köniz, pourquoi pas même si ça manque de sel. Le plus rude, c’est cette photographie encore mal développée de feu le glorieux trio qui cherche à renaître de ses cendres.

Lausanne-Sport, muet, brouillon devant le «grand» Thoune et 800 témoins médusés, un vendredi soir aux Plaines-du-Loup (0-1); Servette, tout perdu (1-2) dans son vaisseau spécial du dimanche (1 842 spectateurs soit 28’158 sièges vides à la Praille), et qui ne parvient pas à dompter sa bête noire... Wohlen (rires); Neuchâtel Xamax, qui se relève gentiment de ses mésaventures tchétchènes, avec l’humilité de celui qui a pris cher, d’où l’élan de sympathie qui l’accompagne - 4 700 personnes à la Maladière pour mesurer (3-5) face à Grasshopper en berne tout le chemin qu’il reste à parcourir vers des lendemains qui chantent.

Un trio dans la rigole - façon de parler -, qui peut désormais se concentrer sur son championnat comme on dit; mais le foot romand, il ne chante plus beaucoup.

En tout cas pas assez fort, ni assez juste pour meubler le temps qui nous sépare de la finale de la «Coupe du monde de tennis» , avec les preux chevaliers Federer et Wawrinka en mission sur la terre battue gauloise. Deux mois... Le plus triste, avec le foot romand, c’est qu’il ne donne même plus trop à causer au bistro. Ou alors on râle. J’aime beaucoup ce troquet de quartier. Parce qu’il permet de se rendre en Espagne à trois pâtés d’une gare romande. Parce que son poulpe galicien grillé à l’ail et sa daube de queue de taureau à la sauce asturienne sont terribles. Et parce qu’on y râle à propos d’autre chose que de football romand.

Au bar, ça chauffe!

Dimanche soir, davantage requinquée par les carafons de rioja (c’est aussi ça, le sport) que par le Grand Prix de Formule 1 du jour à Singapour (Fernando Alonso 4e), l’assistance s’empoignait vivement à deux propos ultra sérieux: Gala Leon et Iker Casillas.

On connaît mieux le second, gardien iconique de la sélection espagnole et du Real Madrid, désormais brûlé par certains. Alors au bar, ça chauffe au café cognac, car le monde se divise en deux catégories: ceux qui chérissent les reliques et ceux qui bazardent les vieilleries. «San Iker», Casillas national et puis plus rien. De quoi méditer sur la cruauté d’un pouce qui se baisse aussi vite que certains lèvent le coude. Mais le ton monte plus fort encore concernant Gala Leon, née à la veille de Noël 1973, ex-joueuse de tennis, première femme capitaine d’une équipe de Coupe Davis - elle vient de remplacer le mégatestostéroné Carlos Moya à la tête de la sélection espagnole. La question? pour ou contre. Les réponses? Basiques aussi, à tel point qu’on ne les retranscrira pas ici... Il faut dire que Toni Nadal, oncle et coach de Rafael, avait donné «l’exemple»: «J’ai beaucoup de respect pour Gala, mais c’est un problème, il y a beaucoup de vie dans le vestiaire, la présence d’une femme sera étrange.» Il y a des jours où, tout compte fait, il est préférable de causer football romand; quoi qu’il en coûte à l’heure de la douloureuse.