L’héritage de João Havelange, un lot de promesses!

CHRONIQUE • Le Brésilien, plus fameux des Parrains sportifs, aura 100 ans en mai prochain. Les dirigeants du ski et du basket suisses, au fond du bac, pourraient en prendre de la graine.

Soulagement intersidéral, samedi dernier à l’heure du chocolat encore chaud: Jean-Marie Faustin Goedefroid de Havelange (c’est son vrai nom), 99 ans et demi, est sorti de l’hôpital, par la bonne porte s’il vous plaît. Quelques jours en observation, pour des problèmes respiratoires. Et lui, João Havelange, président de la FIFA entre 1974 et 1998 (soit 7 années de plus que notre «Seppi» national), Parrain des Parrains sportifs, qu’observe-t-il? Quel regard porte-t-il sur le monde qu’il laissera derrière lui?

Un génie de l’intrigue

João Havelange, un génie de l’intrigue hautement rémunérée, déchu sur le tard. Nageur aux JO de 1936 à Berlin, joueur de water-polo à l’occasion de ceux de 1952 à Helsinki, le monsieur fut membre du Comité international olympique entre 1963 et 2011; moment où il jugea raisonnable de se retirer. Il fera la même chose avec son poste de président d’honneur de la FIFA deux ans plus tard, lorsque les enquêtes du procureur américain Michael J. Garcia ont commencé à égrener leurs fruits à scandale. Deux dérobades pour, dans les deux cas, éviter le verdict peu favorable qu’une commission d’éthique s’apprêtait à rendre à son sujet, concernant des accusations de corruption et pots-de-vin dans le cadre du dossier ISL.

ISL, pour International Sport and Leisure, la boîte qui géra les droits télévision des Coupes du monde de foot et des JO jusqu’à sa sulfureuse faillite en 2001. Fondé en 1982 par feu Horst Dassler, big boss d’Adidas, ISL a reversé - entre mille autres faveurs - 41 millions de francs suisses à Havelange et son gendre Ricardo Teixeira, président de la Fédération brésilienne de foot entre 1989 et 2012. Génial, non? Surtout quand on sait que Havelange et Dassler, excellents amis qui sentaient bien qu’ils en tenaient un bon troisième, ont lancé puis activement soutenu la carrière politique de Sepp Blatter. Quel regard Jean-Marie Faustin Goedefroid porte-t-il sur le monde qu’il laissera derrière lui? Un monde où Karim Benzema, superstar du Real Madrid et de l’équipe de France qui prend 7 chiffres par mois sans les primes, risque de tout foutre par terre via la «sextape» d’un coéquipier chez les Bleus, plus petit que lui de surcroît, et qu’il a contribué à faire chanter histoire de favoriser la perception de 150’000 euros par des amis quand même un peu louches, avec lesquels il a grandi - donc il n’y peut rien - dans une banlieue lyonnaise certes défavorisée.

L’hiver sera long

Un monde où, avec la meilleure des loupes, on ne trouve pas trace d’un seul skieur suisse parmi les 17 premiers du Super G dominical à Lake Louise. Qu’on se le dise, avec un glaçon dans le col-roulé: l’hiver sera long, de Beaver Creek à Saint-Moritz, en passant par Garmisch-Partenkirchen et Kvitfjell. Plus que jamais pour la spatule helvétique mais on adorerait se tromper, c’est Lara Gut pour seule étoile dans la nuit noire. Un décor savamment entretenu depuis des années par des dirigeants qui ont pour seule compétence celle de se succéder parmi; bref des types qui évoluent loin en-dessous de Maître João Havelange.

Un monde où, décidément, on ne manque pas de cracks. La dernière palme revient aux responsables de la Fédération suisse de basket. Parce qu’il manquait au budget annuel ès développement général et petits fours en particulier, selon eux, l’équivalent de 15 jours de salaire de Thabo Sefolosha, les patrons ont décidé de suspendre un an les activités de l’équipe nationale, les grands comme les juniors.

Non, vraiment, ça n’est pas sérieux. Et dire qu’en plus de tout ça, les haltérophiles bulgares, jugés un peu trop chargés, ne pourront pas participer aux prochains Jeux de Rio. Heureusement, la cérémonie d’ouverture aura lieu dans un merveilleux écrin, dont l’appellation seule déverse son lot de promesses: le Stade João Havelange.